Dernière mise à jour : août 2018, légère correction de l'itinéraire sur la commune de Brec'h.
Au XIXe siècle, R. Kerviler a décrit une voie romaine reliant Vannes à Quimper sous l'appellation "Route de Nantes à Vorganium avec embranchement sur Keris (Douarnenez) et sur Gesocribate-Ossismi (Brest) prolongée jusqu'à Portus-Staliocanus" [1, p. 63]. R. Kerviler considérait qu'elle correspondait à une voie indiquée sur la carte de Peutinger : "Portus Namnetum. XXIX Duretia. XX Dariogirum. XX Sulim. XXIV Vorgium. XLV Gesocribate." R. Kerviler mettait Sulim à Hennebont, Vorgium à Concarneau, et Gesocribate à Brest. On sait maintenant que Sulim correspond à Castennec (commune de Bieuzy), Vorgium à Carhaix, Vorganium à Kerilien près de Lesneven, et Gesocribate à la Pointe Saint-Mathieu. La voie indiquée dans la table de Peutinger passe par Nantes, Vannes, Carhaix, pour aboutir à la Pointe Saint-Mathieu. Elle ne passe pas par Quimper.
Entre Vannes et Quimper, comme l'indique R. Kerviler, une voie antique pouvait longer le littoral et passer par Concarneau. Cependant, la voie romaine principale passait plus à l'intérieur des terres. Dans le département du Morbihan elle a été suivie par L. Marsille [2], ce qui permet de la localiser avec précision entre Vannes et Hennebont. Entre Hennebont et Quimper on dispose de l'étude du chanoine Abgrall en 1906 [3]. Bien qu'incomplète, elle donne un idée assez précise de la voie qui passe par Pont-Scorff et Quimperlé.
Dans cet article nous allons tenter d'affiner l'itinéraire romain en utilisant les données du cadastre napolénonien [4] [5], et de la Carte archéologique de la Gaule [6] [7].
L. Marsille décrit la voie au départ de Vannes :
"Cette voie sort de Vannes par la rue de la Loi et par le chemin qui en fait le prolongement; elle coupe la route d'Auray à la Magdeleine et continue sa direction par le chemin de Sainte-Anne.
La rue de la Loi existe toujours à Vannes. Elle commence à 150m à l'ouest de la cathédrale. Elle se prolonge par la rue Jean Gougaud puis par la rue Sainte-Anne.
La voie suit la limite de Plescop et de Ploeren puis Plougoumelen. Elle est très proche de l'actuelle D19. D'après L. Marsille, la voie romaine n'a subi que deux légères modifications, l'une au voisinage de la Fontaine au Beurre, l'autre à Coët-Sal juste après le franchissement du Sal.
La voie suit la limite de Mériadec et Pluneret et correspond exactement à l'actuelle D19.
L. Marsille signale à la sortie du bourg de Mériadec une borne milliaire de forme cylindrique, haute de 1m60 et large de 0m50. Sur une inscription en partie effacée on a pu lire "CAES FELICI AVG. P". La borne existe toujours, encastrée dans un mur de clôture.
La voie de détache de la D17 pour suivre la limite de Mériadec et de Sainte-Anne d'Auray. Elle longe la limite nord du sanctuaire de Sainte-Anne d'Auray puis du cimetière. Ensuite elle correspond au chemin qui rejoint la D19 à Toull Lann.
Après Toull Lann, alors que le chemin médiéval bifurquait vers le nord-ouest pour rejoindre Brec'h puis Landaul et Landévant, la voie romaine continuait tout droit pour franchir le Loc'h en face de Saint-Dégan (commune de Brech').
Alors qu'on peut encore suivre la voie romaine presque partout entre Vannes et la rivière du Loc'h, soit par des routes, soit par des chemins, à l'est du Loc'h, elle a disparu.
L. Marsille a pu l'observer. D'après lui, elle passe dans une gorge profonde qui coupe le village de Saint-Dégan en deux. Toujours d'après L. Marsille, elle coupe ensuite la nouvelle route de Auray à Baud, le croisement étant situé à 640m de la maison de Lann-er-Heué, et à 500m de la maison la plus septentrionale de Brézéhan. On peut supposer que la voie suivait la haie d'arbres qui marque aujourd'hui la limite sud du quartier de Corn er Hoët. L. Marsille précise ensuite que la voie passe à 210m au nord de la maison de ferme du château de la VilleNeuve, puis laisse à 50m au sud la maison la plus au nord du village du Cranic.
Avant le Cranic, elle passe aussi par Cornevec (le chemin de Cornouaille?).Après le franchissement du Ruisseau de l'Etang du Crannic, et juste avant le Cabaret du Cranic (cadastre de 1810, section B1), la voie se détache de l'actuelle D765 pour passer près de Pen March à environ 150m au sud. L. Marsille signale qu'elle est appelée "Coh hent pras en Orient" (vieux grand chemin de Lorient) Dans le cadastre de 1845, elle est appelée "Ancienne grande Route de Nantes" (section D5) alors que la D765 est appelée "Route Royale n°165 de Nantes à Audierne". Dans le cadastre de 1810, la D765 était appelée "Grande Route de L'Orient à Vannes".
La voie rejoint la route actuelle au pont Luberne (cadastre de 1845) à la limite de Landaul.
Après le Pont Luberne (au sud de Poulvern), la voie passe à environ 30m à l'ouest de la route actuelle (voie express N165). Au niveau de Lann er Hroëz Hent, elle passe à l'est de la N165, puis à nouveau à l'ouest au nord de Mané Landaul. Dans le cadastre de 1840, on peut la suivre assez bien sur une ligne de parcellaire (section H3) qui devient de plus en plus floue (sections H2 et D2). La voie réapparaît dans un chemin qui mène à Kervadec (Chemin dit Ivarh en Douareue, section C1). Ce chemin a disparu mais L. Marsille indique que sa largeur était de 20m. De là elle se dirige tout droit vers Brangolo (commune de Landévant). et n'est plus visible dans le cadastre de 1840.
La voie n'est pas visible dans le cadastre de 1840. L. Marsille signale avoir retrouvé des traces d'empierrement à quelques dizaines de mètres au nord de Grande-Demi-Ville. Elle était également très apparente à l'ouest de ce village, avant de passer à environ 100m au sud de Coëtrival, de rejoindre un chemin abandonné, et de traverser le ruisseau du Palais à 1500m au sud de l'actuelle D765.
L. Marsille ne donne plus d'indications. D'après le cadastre de 1837, il est probable que la voie romaine rejoignait puis suivait sur la limite de Languidic le "Vieux chemin dit er votten" (section C1) avant d'arriver à Brandérion.
La voie romaine devait arriver sur la commune à environ 200m au sud de la limite de Brandérion, Languidic et Nostang. Le cadastre de 1835 montre une ligne de parcellaire nette qui rejoint le bourg de Brandérion (sections B2 puis B1). C'est vraisemblablement un vestige de la voie romaine qui passait au sud de Kermoël.
A l'est du bourg, il est probable que la voie romaine passait près de la chapelle Sainte-Anne dont l'origine semble remonter au IXe siècle. L'édifice actuel date du XIVe ou du XVe siècle. Une croix de Malte est gravée sur une borne près de la chapelle.
La voie romaine pouvait suivre vers le nord-ouest la route actuelle qui passe à l'est de Ty-Ru, et à l'ouest du Milledec.
La voie devait entrer sur la commune de Languidic en passant au nord de Kerhouant avant de rejoindre Goëh en Ejon.
De là se détache vers l'est un chemin qui va suivre la limite de Brandérion et de Languidic. Il est appelé "Chemin conduisant à Hennebont" dans le cadastre de 1835 de Languidic (section X2), puis "Chemin de St-Germain" (section V3). Il passe près de la chapelle Saint-Jacques de Kergohann. Plus à l'est il prend le nom de "Chemin de Pluvigner à Kergonan" (section R2). En entrant sur la commune de Landévant, il est appelé "Chemin d'Hennebont" (cadastre de 1840 de Landévant, section C1). On a là un ancien chemin difficile à dater qui semble relier Hennebont à Pluvigner.
Revenons à la voie romaine. Au nord-ouest de Goëh en Ejon, on la devine dans une ligne de parcellaire qui rejoint la chapelle Saint-Germain près de la limite d'Hennebont.
La voie rejoint l'ancienne limite de Languidic et de Hennebont à environ 1km au sud du Blavet. A cet endroit, elle est appelée "Chemin de St-Antoine" dans le cadastre de 1835 de Hennebont. A cet endroit, la route de 1835 s'écarte légèrement de la voie romaine qui devait suivre la limite sud de la parcelle E1-264. La voie romaine devait rejoindre le Blavet en suivant l'actuelle Rue du Halage à environ 200m en aval du pont actuel.
La voie devait rejoindre l'actuelle Rue Emile Zola puis suivre la route actuelle vers le Temple.
A l'ouest du Temple, la voie devait suivre la limite nord de Hennebont pour arriver à Saint-Sulan.
La voie suit la route entre Saint-Sulan et la D769b avant rejoindre le Poteau Rouge et de continuer vers Pont-Scorff en suivant l'actuelle D26. Elle s'en écarte 2km avant Pont-Scorff pour suivre un chemin direct par la chapelle Notre-Dame de Bonne Nouvelle.
En 1636, Dubuisson décrit ainsi la voie romaine dans le sens ouest-est depuis Pont-Scorff [8, p. 128] :
"Au sortir de la basse ville, vous montez le costau, au ault duquel paroist un très beau reste de voye romaine, ayant son élévation, forme ou figure, et fermeté, qui signifie que ç'a esté un chemin romain; mais, à ce que l'on m'a dit, il est comme creux, mauvais et rompu par endroits. Je ne l'ay pas veu en sa suite; car nous prinmes à main gauche et vinmes, par le chemin moderne et ordinaire, à Ennebont, qui est de 2 lieues."
En 1636, Dubuisson fournit un description de Pont-Scorff [8, p. 128] :
Pont Scorff est un assez gros bourg, situé sur le costau au pié duquel passe la rivière de Score ou, en breton: Scorff, ainsy dite du nom de sa source; sur laquelle il y a un pont de pierre, à 4 arcades, jusques ausquelles montent, avec la marée, les bateaus de 12 à 15 tonneaus. La rivière est extrêmement petite, quand la mer est retirée. Car elle n'a pas d'eau de largeur plus de 30 piés, et de profondeur 2 ou 3, au plus creux de cest endroit là.
Le Pont Saint-Jean sur le Scorff existe depuis l'époque médiévale. Il est aussi appelé Pont Romain parce qu'il a été construit à l'emplacement du gué romain. Jusqu'à la construction du Pont Neuf en 1851, à 100m au nord, c'était un passage obligé pour aller de Hennebont à Quimperlé. Il est formé de de trois piles du XVIe ou du XVIIe siècle, de quatre arches du XVIIIe siècle, et d'un parapet du XIXe siècle. Du côté ouest, on voit les vestiges de l'aumônerie établie au XIIe siècle par les Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem.
Après le passage du Scorff, la voie remontait vers le bourg et passait à environ 200m au nord de la D26 qu'elle rejoignait à 400m au sud-ouest de l'église de Lesbin.
La voie suivait la D62 qui prolonge la D26 dans le département du Finistère, puis rejoignait Quimperlé.
Un couvent de Dominicains avait été établi en 1264, sur la rive est de la Laïta, à 200m au sud du confluent de l'Ellé et de l'Isole. Surnommé l'"abbaye Blanche", il avait été fondé en 1264 par le duc Jean Ier de Bretagne. Au cours de la guerre de succession de Bretagne, Jean de Montfort mourut à Hennebont en 1345 et fut enterré dans l'abbaye blanche. Le faubourg du Bourg-Neuf s'est développé autour de ce monastère. Un document écrit en 1643 par le Père Yves Pinsart, prieur de ce monastère, fournit quelques indications sur les chemins existant à cette époque à Quimperlé. Il a été publié par le chanoine Perennès en 1930 [9, p. 577] (voir aussi [10]) :
» Or d'autant qu'il falloit faire un grand tour et circuit pour aller du couvent à la ville, laquelle est du diocèse de Cornouaille, et passer le long de la rivière d'Ellé, et aller chercher par un chemin très-difficile le pont de terres de Vennes, le duc Jean donna permission de bastir un pont sur ladite rivière, au droit de la grande porte dudit couvent; laquelle permission fut renouvellée par Jean duc de Bretagne (1381), et par le Roy Louis le Juste l'an 1636, esmologuée au parlement de Bretagne le 6e juillet 1638. Et fut basty à nos fraictz le dit pont de pierres et a de fortes voûtes l'an 1640; en sorte que c'est un des plus beaux couvents de cette province; et pour décorer l'arrivée dudit couvent du bout d'iceluy, se voit un beau pavé long d'environ soixante toises, décoré de deux beaux rangs d'arbres conduisant à la grande porte dudit couvent, lequel est à présent presque tout rebasti par l'aide de nos amis.
...
Ce pont donna lieu à de multiples contestations. Un premier procès avec les Bénédictins de Sainte-Croix se termina par une reconnaissance aux termes de laquelle « les jacobins consentent que les fermiers des bénédictins lèvent à jamais les devoirs de sel et autres denrées, qui sortent de Quimperlé par le nouveau pont, de même façon qu'ils sont fondés à les lever au pont de terre de Vannes, sans que pour cela les bénédictins puissent prétendre à autres droits sur le dit pont de Saint-Dominique. »
Pendant tout le Moyen Age, la rivière Ellé était franchie au "pont de terres de Vennes" qui sera appelé plus tard Pont de Penpontellé, Pont Lovignon [11], et Pont Fleuri. Ce pont existe toujours et a conservé sa structure du XVIe siècle à dos d'âne. L'abbaye Sainte-Croix avait été fondée au début du XIe siècle. Elle occupait la rive droite de l'Ellé et contrôlait ce pont sur l'Ellé situé à 100m à l'est de l'église Sainte-Croix. Pour traverser Quimperlé d'est en ouest, on franchissait le pont sur l'Ellé, on longeait l'église Sainte-Croix par le nord, on traversait l'Isole sur le Pont Salé [12] (remplacé par une passerelle métallique depuis les crues de 2000 et 2001), puis on remontait par la Grande Rue (actuelle Rue Savary) vers l'église Notre-Dame et la Place Saint-Michel. De là partaient quatre chemins principaux menant au Pouldu, à Clohars, à Moëlan, à Pont-Aven (Pondaven), et à Quimper par Mellac.
Au XVIIe siècle, un second pont sur l'Ellé a été construit. Ce pont Saint-Dominique [13] est appelé Pont du Bourg Neuf dans le cadastre de 1825. Il a été reconstruit en 1842. 50m après le pont du Bourg Neuf, un pont en bois permettait de traverser l'Isole [13]. Détruit par une crue en 1776, il a été reconstruit en pierre peu après. Il est appelé Pont Neuf dans le cadastre de 1825. C'est également à la fin du XVIIIe siècle qu'a été créée la route royale n°165 qui reliait Nantes à Audierne. A 1500m à l'est de Quimperlé, elle se détache du chemin médiéval pour passer à environ 400m au sud et rejoindre directement le confluent de l'Ellé et de l'Isole. Après la traversée de l'Ellé sur le Pont du Bourg Neuf, et de l'Isole sur le Pont Neuf, elle longe la rivière 100m (actuelle Rue de La Tour d'Auvergne et ancienne Rue Neuve), avant de suivre l'actuelle Rue Thiers et de continuer vers Mellac. Au XIXe siècle, le tracé a été modifié pour suivre l'actuelle D765 (ancienne route nationale 165).
Quant à l'époque romaine, les vestiges d'un chemin antique traversant l'Ellé et l'Isole semblent avoir disparu. Tout au plus peut-on émettre deux hypothèses:
La voie romaine suivait sans doute l'un de ces deux itinéraires. Pour en dire plus, il faudrait savoir de quand datent les rues de Quimperlé, notamment la rue Thiers, et la Rue de Pont-Aven qui la prolonge. Si ces rues n'existaient pas au Moyen Age, l'itinéraire sud pourrait correspondre à la voie romaine. La Rue de Mellac est mentionnée dans le cadastre de 1825, et la Rue Lebas s'appelle la Rue de la Fontaine.
Plus à l'ouest, il y a deux possibilités pour une continuation vers Quimper. La voie romaine passait soit sur la commune de Mellac, soit sur la commune du Trévoux.
La voie romaine pouvait quitter Quimperlé en suivant l'actuelle D6, puis suivre la D765 sur la commune de Mellac, et continuer vers Bannalec.
La voie romaine pouvait quitter Quimperlé en suivant la Rue de l'Hôpital Frémeur, puis la Rue de Pont-Aven. A la limite de Quimperlé, à Kervidanou, le cadastre de 1825 de Mellac indique un embranchement vers Le Trévoux par la chapelle de la Madeleine (section C3). La voie romaine pouvait entrer sur la commune du Trévoux à Saint-Jean où les Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem avaient un établissement. Le cadastre de 1843 indique un chemin qui passe à 50m au sud de l'église du Trévoux (actuelle Rue Traversière), et continue vers Bannalec.
On a deux hypothèses pour la voie romaine, soit un itinéraire sud qui passe par Le Trévoux, soit un itinéraire nord qui passe par Mellac.
L'itinéraire nord correspond très précisément à l'actuelle D765 qui se dirige vers Rosporden. Il passe par Creis Obbet, Loj Pont Nabat, Saint-Cado. A proximité, autour du château de Quimerc'h, plusieurs voies sont considérées comme romaines, mais sans doute à tord [14]. Cependant, à Loj Pont Nabat, un embranchement antique parait possible vers Scaër par Ty Ru, Saint-Anne, La Croix-Courte et Saint-Adrien.
En reprenant le chemin de Quimper, à Caront Glaz, peu avant la chapelle de Locmarzin, le cadastre de 1843 indique un embranchement. Un chemin continue vers l'ouest/sud-ouest et Keryannic, alors que l'autre continue vers le nord-ouest et Rosporden.
Le chemin de Rosporden correspond au chemin suivi au Moyen Age pour aller de Quimperlé à Quimper. Le chemin de Keryannic pourrait correspondre à la voie antique reliant Quimper à Quimperlé. Il continue vers Kerborc'h, Dourguélen (Loges Botguélen dans le cadastre de 1843, section K2). A Loj Begoarem (loge becouarn dans le cadastre), il rejoint la "Grande route de Pondaven à Bannalec" (section L4 et K3). Là encore, la branche venant de Mellac semble être plus ancienne que celle de Bannalec dans la mesure où cette dernière vire plein nord.
Après Loj Begoarem, en poursuivant vers le sud-ouest, on passe à 200m au nord de Kernic, à 300m au nord de l'Eglise Blanche. A Loj Quentel, une branche nord continue vers Concarneau (chemin vicinal de Concarneau à Bannalec, section M1), et une branche sud vers Pont-Aven (grande route de Pondaven à Bannalec, section M1).
La branche sud semble médiévale. En effet, d'après le cadastre de 1843, elle rejoint par Pont Torret un chemin qui relie Pont-Aven à Rosporden.
La branche nord peut correspondre à une voie romaine. Elle rejoint la commune de Rosporden à Pont Méya. De Quimperlé à Pont-Méya, on a un itinéraire parfaitement régulier, sauf pour la traversée du village de Kerborc'h pour lequel on observe le contournement de la parcelle 288 dans le cadastre de 1843 (section K2).
Après l'itinéraire nord par Mellac, il nous reste à étudier l'itinéraire sud par Le Trévoux. Il est lui aussi très régulier, c'est l'actuelle D22. Il entre sur la commune de Bannalec à Rozic (loge Rozic dans le cadastre de 1843), puis rejoint Pont Glaérès. Ensuite c'est un chemin qui passe par Goarem Keranguelven pour s'embrancher sur la "Grande route de Pondaven à Bannalec" (section L4).
La traversée de Goarem Keranguelven ne peut pas correspondre à un itinéraire romain. Si un voie romaine arrivait du Trévoux, elle devait passer plus au sud pour passer par Penhoat et Quillio où se trouve une motte féodale. Plus à l'ouest, c'est l'Eglise Blanche et le cadastre de 1843 n'indique ni chemin, ni vestige de chemin pour continuer vers Quimper. Ceci nous fait douter d'une voie antique passant par Le Trévoux.
Au niveau de l'Eglise Blanche en direction de Vannes, le chanoine Abgrall indique simplement [3] : "La vieille route continue à se confondre avec la nouvelle, sauf en approchant de l'embranchement du Trévoux; elle doit passer alors à travers champs pour rejoindre le chemin direct sur ce bourg" . Jusqu'à ce jour l'existence de ce chemin direct à travers champs n'a jamais été confirmée.
En conclusion pour Bannalec, deux itinéraires sont possibles pour rejoindre Pont Méya à la limite de Rosporden. L'itinéraire par Mellac pourrait être antique, et celui par Le Trévoux pourrait avoir été créé au Moyen Age. En 1426, la paroisse du Trévoux était déjà constituée avec tous ses villages [14, note 84]. A cette époque, des chemins qui sont à l'origine de l'actuelle D22, devaient exister pour relier Le Trévoux aux routes principales menant à Quimper et à Quimperlé.
Entre Pont-Méya et Quimper, la voie romaine peut se suivre facilement. Après Pont Méya, elle suit un parcours légèrement plus direct que l'actuelle D22. C'est le "Chemin vicinal de Kernevel au Pont Méia" dans le cadastre de 1844 (section G2) de l'ancienne commune de Kernével, aujourd'hui rattachée à Rosporden. On passe près du "Signal Allée" avant d'arriver à la chapelle du Moustoir que la voie laisse à 100m au sud.
Après la chapelle du Moustoir, la voie romaine était très proche du "Chemin vicinal de Kernevel au Moustoir et au Pont Méia" (section G1). Elle pouvait s'en écarter très légèrement et suivre les limites des parcelles G1-146, G1-149, et G1-140. A la Croix de Kerancornec, le chemin de Kernével part vers le nord alors que la voie romaine continue tout droit. A Kerancornec elle a sans doute été légèrement déviée pour contourner le village par le sud, mais beaucoup moins que l'actuelle D22 qui fait un détour de 300m par le sud. La voie romaine peut être considérée comme très proche du "Chemin du Pont-Neuf au Moustoir" (section G1).
Après le Pont Neuf, la voie romaine est à nouveau confondue avec la D22 pendant 500m. Avant d'arriver au niveau de la motte féodale (village de La Motte) et de Feunten an Drinded (fontaine de la Trinité), la D22 s'écarte légèrement de la voie romaine en faisant un détour à 100m au sud.
On rejoint ensuite la chapelle de la Trinité qui semble être construite sur la voie. Plus à l'ouest, la voie romaine est conservée sous la forme d'un chemin de terre atteignant parfois une largeur de 14m. Dans le cadastre de 1844, c'est le "Chemin de la croix du Plessix à la Trinité" (section C3 et C4). Après la Croix du Plessix maintenant appelée Croix du Quinquis, on arrive à la chapelle de Coat an Poudou qui semble construite sur la voie. Après Coat-Kerambeuz, il ne reste qu'une haie pour marquer l'emplacement de la voie. On la retrouve sur 1km à partir de L'Hôpital, sous la forme d'un chemin de terre.
A l'ouest de la D70, la petite route qui mène à la chapelle de Locmaria-an-Hent correspond à la voie romaine.
La chapelle de Locmaria-an-Hent semble construite sur la voie. Sur toute la commune, cette dernière est pratiquement confondue avec la petite route qui rejoint Quimper par Croaz Hent Goyet à 1500m au sud-ouest du bourg. De là pourrait partir l'embranchement de la voie antique reliant Quimper à Rennes par Rosporden et Castennec [15, p. 21]
Le chemin venant de Locmaria-an-Hent est appelé "Hent Maria" dans le cadastre de 1840. Localement, il était connu sous le nom de "Hent Locmaria-an-Hent". Il n'en reste que quelques vestiges. Il traversait la zone industrielle de Troyalac'h et passait à 50m au nord de Bellevue. Plus à l'ouest, il existe encore sous la forme d'une route.
La voie romaine a été étudiée en détail dans [15, pp. 12-20].
En entrant sur la commune de Quiper, elle prend la forme d'un chemin qui se dirige vers le rond-point du Petit-Guelen. La chapelle Sainte-Anne-du-Petit-Guélen avait été édifiée au bord de la voie. Il ne subsiste que quelques vestiges dans une propriété privée. Plus à l'ouest, elle est confondue avec l'actuelle D765 sur 500m, puis avec la Route du Petit Guelen qui se prolonge par la Rue Charles Le Goffic. Elle passe à 100m au nord de l'église d'Argué-Armel, suit l'Avenue Léon Blum, l'Avenue Yves-Thépot, et la Rue du Frugy pour arriver au bord de l'Odet à Locmaria.
A Croaz-ar-Plouz, à 1km à l'ouest de l'église d'Ergué-Armel, la "Vieille Route de Concarneau" se détache vers le sud-est, et 500m plus à l'ouest, la voie romaine de Carhaix se détache vers le nord-est.
Y. Autret
Juillet 2015 - Août 2018