La route royale n°164 a été construite au milieu du XVIIIe siècle. Certaines sections se confondent avec des portions de voies romaines alors que d'autres sont entièrement nouvelles. Après 1848, la route royale n°164 est devenue la route nationale n°164.
Si le réseau routier avait déjà commencer à évoluer au XVIIe siècle, c'est au XVIIIe siècle qu'il a subi sa première grande mutation depuis l'époque romaine. Des routes souvent entièrement nouvelles, les routes royales, sont apparues pour rectifier et raccourcir les parcours antiques [7]. C'est dans ce cadre qu'a été créée la route royale n°164 vers le milieu du XVIIIe siècle.
Si les routes royales sont nouvelles, les grands itinéraires qu'elles suivent sont le plus souvent beaucoup plus anciens. Pour la route royale n°164 qui reliait Brest à Angers, on distingue quatre grands sections: de Carhaix à Rostrenen, de Rostrenen à Josselin, de Josselin à Redon par Ploërmel, et de Redon à Angers. Dans cet article on fournit quelques éléments sur l'ancienneté de ces quatre sections.
De Brest à Landerneau la route royale n°164 se fond dans la route royale n°12 qui relie Brest à Rennes et Paris. Son tracé date du milieu du XVIIIe siècle. Les longues sections rectilignes de cette route n'ont rien de romain. Une voie romaine pouvait exister entre Landerneau et Brest mais elle n'a jamais été identifiée avec certitude.
Entre Landerneau et Carhaix, la route royale utilise d'anciennes routes et son tracé est proche de celui d'anciennes voies romaines.
A environ 300m au nord-est de l'église Saint-Thomas de Landerneau, elle se détache de la route royale de Brest à Paris pour prendre une direction sud-est. Elle suit une voie vraisemblablement pré-romaine qui servait de limite à des paroisses primitives du VIe siècle. Elle s'en détache au bout d'un kilomètre pour suivre une direction est. Jusqu'à la limite de Sizun, il y a un doute sur l'ancienneté du chemin suivi. La plupart des auteurs considèrent le chemin comme romain mais le cadastre de 1811 de La Martyre montre que c'est assez peu probable. La route royale coupe des parcelles, notamment C1 516-517-518-519, et C1 411-540. Le cadastre montre qu'il existait un chemin plus ancien que la route royale, mais que celui-ci contournait des parcelles en faisant des virages à angle droit. Sur les communes de Pencran et de La Martyre, la route royale peut avoir une origine médiévale. La voie romaine pouvait passer par le bourg de La Martyre, puis rejoindre soit Landerneau, soit La Roche-Maurice, soit Pont-Christ. La cadastre de 1827 de Landerneau indique un "Vieux chemin de La Martyre".
Il n'est pas certain qu'à partir là la section suivie soit romaineEntre Carhaix et Rostrenen, la route royale n°164 reprend le tracé gallo-romain. La voie romaine quitte Carhaix en suivant l'actuelle D2164 par le Moustoir. Sur la commune de Glomel elle suit l'actuelle N164 et s'en détache trois kilomètres avant la limite de Rostrenen pour suivre un tracé plus au sud. La voie romaine arrive à Rostrenen par Bonne-Nouvelle et passe juste devant la chapelle Saint-Jacques. L'itinéraire est décrit en détail dans [1, 2].
Après la chapelle Saint-Jacques, la route royale n°164 rejoint l'église de Rostrenen. Immédiatement après, elle bifurque vers le sud-est. A la sortie de Rostrenen, il reste des vestiges du pavement du XVIIIe siècle. En quittant Rostrenen on suit la rue de la Corderie. Au Moyen Age, les cordiers s'installaient souvent à la périphérie des bourgs, au bord de voies anciennes. Un chemin pouvait exister à cet endroit dès le Moyen Age, voire avant.
Après la rue de la Corderie, la route royale rejoint l'actuelle D31 à 500m au nord-est de la chapelle de Locmaria. Juste avant la D31, un tronçon de 500m est resté préservé. La largeur entre talus est à cet endroit de 13m.
Après le franchissement du Doré à Pont-Even, la route royale rejoint le Moustoir (commune de Plélauff) par la Garenne et Croaz-ar-Raden. Au Moustoir, on a découvert une pierre tronconique d'environ 2m de hauteur. Un écriteau indique: "Borne milliaire trouvée sur la voie romaine à 150m au Moustoir". Si cette pierre est réellement une borne milliaire, le chemin que nous suivons peut effectivement être romain.
La route royale rejoint ensuite Saint-Roc'h (commune de Lescouët-Gouarec). Jusque là, la route royale semble suivre le tracé d'une voie plus ancienne. On ne retrouve pas les longues lignes droites caractéristiques des routes du XVIIIe siècle. A Saint Roc'h, la route royale et les routes venant de Plélauff et de Gouarec fusionnent. La route venant de Plélauff mériterait peut-être un examen plus détaillé. En effet, la voie romaine de Carhaix à Rennes passe au sud de Plouguernével. Juste après le franchissement d'un affluent du Petit Doré, entre les villages de Bodélio-Braz, Keranquéré et Saint-Jean, le cadastre napoléonien indique un embranchement vers le sud-est pour rejoindre Plélauff puis Saint-Roc'h.
En arrivant sur la commune de Perret, la route royale suit l'actuelle D5, passe à l'est de Silfiac, à Saint-Laurent, et rejoint Pontivy en suivant la limite nord de Malguénac. Cet itinéraire n'est pas le plus ancien. Le cadastre napoléonien de Pontivy mentionne une "Ancienne route royale n°164 d'Angers à Brest" (sections B2 et B3) passant plus au sud par Malguénac. Les longues lignes droites de l'ancien itinéraire correspondent à une route du XVIIIe siècle. Le nouvel itinéraire est caractéristique du XIXe siècle, il évite les pentes trop raides et devient plus sinueux.
Un itinéraire encore plus ancien est probable. Sur la commune de Saint-Brigitte le cadastre napoléonien mentionne un "Grand chemin de Pontivy à Rotternen" (section B1) et le "Vieux chemin de Pontivy à Rosternen" (section B2). Il est bien préservé dans la traversée de la forêt de Quénécan où sa largeur entre talus est de 8m. A 100m du chemin, la fontaine monumentale de Saint-Guérec semble réutiliser des pierres d'origine inconnue (inscription tronquée "CARIFLEB:" et demi-colonnes à base moulurée). Notons également dans l'enclos de l'église de Perret une croix sur un parallélépipède en pierre de 2m x 50cm x 30cm.
Le "Grand chemin" continue sur la commune de Cléguérec où il prend le nom de "Chemin de Pontivy à Rosternen". Au niveau du village de Tosten, le chemin quitte l'actuelle goudronnée pour suivre un chemin creux de 8m large qui débouche à 200m à l'est de Guerihuel et à 500m de la chapelle Sainte-Anne de Boduic. Notons que cette chapelle a été relevée sur les ruines d'une ancienne chapelle Saint-Jacques. Ensuite le chemin a disparu. Il semble rejoindre la Haie Boduic puis suivre l'actuelle route goudronnée jusqu'au bourg de Cléguerec par Pontic Mein. A l'est de Boduic, le cadastre napoléonien montre un chemin en escalier qui pourrait indiquer une modification du tracé pour passer par Boduic.
Dans "Itinéraire de Bretagne en 1636", Dubuisson décrit une voie ancienne entre Pontivy et Rohan ([4] p.77). "De Pontivi à Rohan (forte Reginea antiq.), 3 lieues, par Noyal, I lieue de Pontivi, grande paroice, exempte d'impost et billot (et dans laquelle est située Pontivi, quoyque paroice aussy), où est la chapelle Ste Noyale (Noyala sancta ex Anglia), el le plus beau, le plus droit chemin et le plus ferme que l'on scauroit veoir, planté de chesnes des deux costé, un peu éclaircis et ruinés par les Espagnols des garnisons de la Ligue, - Ces rabines sont appellées par les wallons: drèves ; par les Cauchois et Roanois : chaines d'arbres. - Ce chemin va jusques à Rohan. An visit militaris, Tab; itiner. : e portu Nannetum Regineam.".
On peut effectivement retrouver dans le cadastre napoléonien une voie ancienne reliant Pontivy à Rohan. A l'extrême ouest de la commune de Noyal on trouve la mention "Ancien chemin de Pontivy à Rohan", puis "Ancienne route de Pontivy à Rohan" sur la commune de Gueltas. On rejoint Rohan par la Croix Jégou, le "Chemin de la Diligence" et la Haie. Sur la commune de Crédin, le chemin a été détruit lors du remembrement des années 1970. A l'occasion de l'expulsion des moines de Timadeuc, Louis Chamaillard (1846-1885), directeur du Courrier des Campagnes et du Morbihannais, est venu à Rohan le chemin le 6 novembre 1880. Il relate ainsi son passage sur le chemin entre Kerhouin et la Croix Jégou: "Nous rencontrons un loup! un vrai loup! il se promène tranquillement sur la lande".
De Pontivy à Noyal l'actuelle D2 est bien alignée sur le parcellaire et peut correspondre à une voie ancienne. On arrive à Noyal par la Magdeleine. A l'est de Noyal, la D2 file en ligne droite en coupant le parcellaire, ce qui correspond sans doute à une évolution de l'itinéraire dans le but de le rectifier. A un kilomètre à l'est de Noyal, le cadastre napoléonien mentionne le "Chemin rural de Noyal à Bodiquel" qui remonte vers le nord-est, traverse la Belle-Chère (gué) et passe par la chapelle Saint-Arnould. Bodiquel se trouve à l'extrême est de Noyal, à 300m au nord du chemin se dirigeant vers Rohan sous l'appellation "Ancien chemin de Pontivy à Rohan". A l'est de la chapelle Saint-Arnould, on trouve deux petits ponts en pierre d'une structure étonnante. La datation est impossible. Le tracé relativement sinueux entre Noyal et la chapelle Saint-Arnould correspond plutôt à la signature d'un chemin médiéval.
Un chemin plus ancien que le "Chemin rural de Noyal à Bodiquel" est probable. Monsieur Even qui habite Kerjean à 3km au nord-est de Noyal, nous indique qu'il a toujours entendu les anciens parler du "Chemins des Rohan" passant tout près de chez lui. Monsieur Even dit aussi que d'après les anciens, une maison de Kerjean était un relais-étape sur le grand chemin. Elle avait l'aspect d'un petit manoir ou d'une maison noble avec une cheminée monumentale, et à l'étage des fleurs de lys de couleur ocre sur des murs blanchis à la chaux. Elle a été détruite en novembre 2012. Si ce chemin a totalement disparu des cartes IGN, il apparait sur le cadastre napoléonien sous le nom de "Chemin rural n°23 de Noyal à Kerjan". Il part du nord du bourg de Noyal, arrive juste au nord de la chapelle Saint-Arnould, puis continue tout droit pour rejoindre au sud de Bodiquel la route appelée "ancien chemin de Pontivy à Rohan".
En venant de Rohan, à un kilomètre au nord-est de Noyal, ce chemin est rejoint par un autre venant de Gueltas. Trois cents mètres plus loin, il croise le "Chemin de Loudéac à Noyal-Pontivy" et continue tout droit par le nord de Noyal et semble rejoindre Pontivy par le sud de la chapelle Sainte-Noyale. Il se peut qu'on ait là un très ancien chemin. L'histoire de Noyal-Pontivy est rappelée en détail dans [8]. C'est une paroisse primitive. Le bourg primitif se trouvait près de la chapelle Sainte-Noyale où sainte Noyale se serait installée au VIe siècle. Vers 1420 le bourg s'est déplacé pour s'établir à l'emplacement actuel. Une motte féodale est également signalée dans le bourg actuel.
En conclusion, il est probable qu'à l'époque médiévale le chemin de Pontivy à Rohan rejoignait Noyal par l'actuelle D2, et continuait vers Rohan par Kerjean et le nord de la chapelle Saint-Arnould. Entre Pontivy et Noyal, ce chemin a vraisemblablement été précédé d'un autre plus ancien passant légèrement plus au nord, et à 500m au sud de la chapelle Sainte-Noyale.
Après Rohan, un prolongement vers le sud-est semble possible. En arrivant sur la commune de Bréhan, le cadastre napoléonien signale deux anciens chemins allant dans deux directions différentes. L' "Ancien chemin du bourg à Rohan" file vers l'est et rejoint Bréhan. L' "Ancienne route de Rohan à Josselin" prend une direction sud-est. Le premier chemin coupe le parcellaire (section Bréhan-B2) et pourrait ne pas être très ancien. Le second chemin est mentionné à partir de la chapelle Saint-Yves (section Bréhan-H1). Il semble venir de Rohan par Timadeuc et Queuvré. Près de Saint-Yves, le chemin est appelé localement voie romaine. Au voisinage de Brémaudé, ce chemin coupe le parcellaire ce qui peut indiquer qu'il pouvait exister un tracé plus ancien. Après la chapelle Saint-Yves, le cadastre napoléonien indique d'autres chemins vers le sud, le "Chemin de Saint-Yves aux Bois" et le "Chemin de Bremaudé aux Bois". Le premier chemin passe près des "Aciens retranchements" et près d'un lieu portant le nom de "Jeannette des soldats" qui est aussi appelé localement "Camp de César" ou "Butte du camp". Ces chemins franchissaient peut-être le Lié à Camper et rejoignaient sur la commune des Forges la "Grande route des Forges à Josselin". Dans ce cas on rejoint Josselin par le nord (quartier de l'hôpital Saint-Jacques).
Les informations fournies ci-dessous proviennent en grand partie de la "Carte Archéologique de la Gaule", départements des Côtes-d'Armor et du Morbihan [10] [11].
D'après [10 p.271]. Monnaies d'Auguste (empereur de 27 à 14 av. J.-C.), Tibère (empereur de 14 av. J.-C à 37 ap. J.-C.), Gallien (empereur de 253 à 268), Postume (empereur en Gaule de 260 à 269) et Tetricus (empereur des Gaules vraisemblablement de 271 à 274). Des fragements de sigillée et de céramiques communes sont également signalées.
D'après [10 p.250]. A Kerauffret, à 3km à l'est du bourg, au bord de l'ancienne voie romaine de Carhaix à Rennes, retranchement elliptique qui aurait livré des briques et des tegulae.
D'après [10 p.217]. Terriroire considéré comme dépendant de la civitas des Vénètes (Vannes). Au Moustoir, sur l'itinéraire de la route royale à 1,5km au sud-ouest du bourg, stèle de l'âge du Fer, tronconique, haute de 1,59m, réutilisée comme croix, pouvant avoir servi de borne milliaire. A Croaz an Armo (Croix des Armes) ou Banach, stèle haute de l'âge du fer signalée comme milliaire au XIXe sièclé (Barac'h à 800m au sud du bourg?). A Pont Névez, à 500m au nord du bourg, mine de plomb-zincifère ayant été exploitée de manière certaine au haut Moyen Age, quasi-certaine au Ier er IIe siècle, et peut-être à l'âge du fer.
D'après [10 p.185], pas de découverte archéologique.
D'après [10 p.199]. Dans l'angle sud-est de l'enclos, stèle rectangulaire de l'âge du fer.
D'après [1 p.57]. Une voie ancienne reconnue, sans doute préromaine, part du nord de Corseul et rejoint Perret par Lamballe, Moncontour, Uzel et Saint-Gilles-Vieux-Marché. Elle arrive sur la commune de Perret en franchissant le Blavet près de l'abbaye de Bon-Repos (commune de Saint-Gelven). On perd sa trace après le bourg de Perret.
D'après [11 p.325], pas de vestiges romains.
D'après [11 p.303], pas de découverte archéologique.
D'après [11 p.119]. Fragments de tegulae au voisinage de Bot er Barz à 3km au nord-ouest du bourg. Bot er Barz se trouve juste à côté de la Haie de Boduic, où débouche en provenance de Sainte-Brigitte, le "Grand chemin de Pontivy à Rotternen" appelé aussi "Vieux chemin de Pontivy à Rosternen" dans le cadastre napoléonien de Sainte-Brigitte. Sur plusieurs hectares, entre Kerfulus et la Boulaye à 3km à l'est du bourg, nombreux débris romains, réseau de fossés orthogonaux d'époque romaine. A Guerduel, à 2km au nord-ouest du bourg, gisement gallo-romain reconnu sur 200m, présence de nombreuses tegulae, moellons de céramique, très grande quantité de scories. Chapelle de Locmaria à 3km au sud-est du bourg, nombreux fragments de tegulae. A Quémignon, à 2km au sud-ouest du bourg, épaisse couche de fragments de tegulae.
D'après [11 p.268]. A Signan, à 3km au sud du centre-ville, 122 monnaies romaines (Auguste et Tibère notamment) découvertes en 1829 dans un vase enfoui dans une lande.
D'après [11 p.227]. A Guinquis, à 3km au sud du bourg, au bord de l'actuelle D764, gisement diffus d'époque romaine (100m de diamètre). Juste à côté, à Keroudo, habitat gallo-romain délimité par un enclos carré de 90m de côté. Un chemin au tracé très rectiligne longe le site au sud. A Kerponner, à 5km au nord-ouest du bourg, gisement gallo-romain assez dense de 100m de diamètre. A la Villeneuve, à 5km à l'ouest/nord-ouest du bourg, fragments de tegulae caractérisant sans doute un habitat romain, enclos carrés emboîtés et fossés secondaires à proximité d'un chemin ancien. A Quistinidan, à 3km au sud-ouest du bourg, voie ancienne orientée nord-sud. A Rescourio, à 1km au nord-ouest du bourg, fossés orthogonaux, habitat romain probable.
D'après [11 p.163]. A Kerflec'h, à 2km au nord-ouest du bourg, faible gisement d'époque romaine.
D'après [11 p.163]. A Clebzur, à 2km au sud du bourg, fossés orthogonaux sans doute romains.
D'après [11 p.123]. A Gavergouët, à 2km au nord-ouest du bourg, gisement gallo-romain de faible intensité, fragments de tegulae. A Kervégan, à 3km au nord du bourg, fragments de céramique commune gallo-romaine.
D'après [11 p.286]. A Kerrio, à 1km au nord-est du bourg, deux enclos emboîtés à fossés orthogonaux prolongés au sud-ouest par deux fossés légèrement divergents. Probablement d'époque romaine (plan classique avec enclos domestique et avant-cour périphérique sur trois côtés).
D'après [11 p.92]. A Brémaudé, à 4km au sud-est du bourg, enceinte quadrangulaire de 50x40m dit "Camp de César". On aurait trouvé des urnes cinéraires à 200m au nord.
D'après [11 p.172]. Une dizaine de monnaies romaines découvertes dans un talus près du bourg. Tacite (empereur de 260 à 268), Quintille (270), Probus (empereur de 276 à 282), Severina (femme de l'empereur Aurélien qui régna de 270 à 275).
D'après [11 p.172]. A la Bourdonnais, à 5km au sud du bourg, au bord de l'Oust, fragments de tegulae. A la Sézaie, à 4km au sud ouest du bourg, au bord de la voie Vannes-Corseul, site gallo-romain sur une longueur de 200m. A Quelneuf, à 4km au sud-ouest du bourg, des tegulae. La voie Vannes-Corseul franchissait l'Oust tout près de Quelneuf. A la Suaie (localisation ?), fragments de tegulae. Aux Buttes, à 2km au sud-ouest du bourg, voie ancienne orientée est-ouest, large de 10m, reconnue sur 450m. La D778 orientée nord-ouest/sud-est qui relie les Forges à Josselin passe aux Buttes. Au Poteau, à 1km au nord-ouest du bourg, fossés orthogonaux délimitant un enclos, datable du début de notre ère. La voie Vannes-Corseul passe à 1km à l'ouest. A la Ville Jehan, à 2km au sud du bourg, fossés orthogonaux.
D'après [11 p.163]. Pas de vestiges romains.
Une voie romaine est certaine de Carhaix à Rostrenen. Sur la commune de Plélauff, si la borne milliaire signalée au Moustoir sur la commune de Plélauff en est effectivement une, on a un argument de poids pour affirmer qu'il existait une voie romaine reliant Carhaix à Pontivy par Rostrenen.
Entre Pontivy et Rohan, Dubuisson fait référence à la table de Peutinger (Tab. itiner.), propose une origine romaine au chemin, et un prolongement vers Nantes (Nannetum). Dubuisson se trompe au moins en partie. La table de Peutinger ne mentionne dans cette région que deux itinéraires. Le premier part d'Angers/Juliomagus, rejoint au sud de la Loire la voie de Poitiers à Nantes, puis remonte sur Nantes/Portus-Namnetum, et continue vers Duretie (Rieux près de Redon), Vannes/Darioritum, Sulim (vraisemblablement Castennec près de Bieuzy), Carhaix/Vorgium, et Gesocribate (sans doute la Pointe Saint-Mathieu). Le second passe par Angers/Juliomagus, Rennes/Condate et Corseul/Fanum-Martis pour vraisemblablement aboutir à l'estuaire la Rance (sans doute Reginca). Il est impossible de faire passer ces voies par Pontivy ou Rohan. La remarque de Dubuisson sur les chaînes d'arbres est plus intéressante. Dubuisson indique que des chênes ont été coupés par les troupes espagnoles pendant les guerres de la Ligue. Un chêne mettant 100 ans à atteindre sa taille maximale et un diamètre d'environ un mètre, on peut déjà être certain que ce chemin de Pontivy à Rohan existait au milieu du XVIe siècle. Il a pu être recréé à l'époque médiévale par les seigneurs de Rohan sur la base d'un chemin plus ancien.
A Rohan, d'après [9] un camp fortifié aurait été édifié en 251. L'information provient d'un érudit rohannais qui publiait localement vers 1990. Nous donnons ci-dessous quelques extraits. "Au pied d'une éminence nommée Roc'han, cette vallée sort des marais, constitue une sorte de gorge vers laquelle convergent des mouvements de terrain venant de l'ouest. Sur l'emplacement d'un ancien gué, les Romains construisent un pont pour le chemin transversal joignant les deux grandes voies principales qui, au nord et au sud convergent vers Vorganium, pour rejoindre Gesocribate. Pour contrôler et garder le pont, on construit un Burgum (camp retranché), probablement sur les ruines d'un oppidum Vénète, à l'emplacement actuel de Bourg es Moines. Cette construction remonte vraisemblablement à l'année 251 au cours de laquelle fut généralisé, sur tout le territoire, l'installation de postes militaires et la construction de fortifications (en terre et en bois). Les garnisons furent fournies par les Cohortes XII et XIII de la légion des Maures, stationnée à Darioritum, capitale de la "Civitas Venetum". Quelques habitations se sont groupées auprès du camp militaire, formant une "bourgade". C'est l'origine de Rohan. Ce croisement de la route venant de la Vallée du Blavet avec celle de l'Oust est un lieu de passage très fréquenté, plusieurs "villas" s'étant établies de part et d'autre de la rivière (la villa romaine était le siège d'un "fundus" ou propriété foncière). Les implantations les plus importantes se trouvaient à Cherdin (crédin)et Noala (noyal)."
De manière plus certaine, une motte féodale est attestée à Rohan au XIIe siècle. Un nouveau château a été bâti vers 1120 par Alain Ier de Rohan qui en possédait déjà un à Castennec. Une donation faite en faveur des moines de Saint-Martin permet de dater la construction. Un extrait a été publié dans [9] : en 1127, Alain Ier donne "à Dieu, à Saint-Martin de Marmoutier et à ses moines, représentés par les religieux de Saint-Martin de Josselin, tout le bourg situé devant la porte du nouveau château de Rohan, et le terrain s'étendant au midi jusqu'à la rivière de l'Oust, à la condition d'y établir une église et un cimetière". Le Bourg aux Moines existe toujours au sud de Rohan.
En résumé, c'est entre Carhaix et Pontivy qu'on a la plus forte probabilité d'existence de voie romaine. Les traces d'occupation romaine sont importantes à Cléguérec et la mine de plomb-zincifère de Plélauff semble en activité à l'époque romaine.
Entre Pontivy et Josselin l'habitat gallo-romain semble important à Noyal-Pontivy. Sur la commune de Lanouée, il est également dense mais souvent directement relié à la voie Vannes-Corseul. Sur cette section, des études complémentaires restent à effectuer, notamment l'étude détaillée du chemin entre Pontivy et Noyal par la chapelle Sainte-Noyale. L'examen des matrices des propriétés non bâties du XIXe siècle du cadastre napoléonien n'a pas non plus été effectué. Il fournira peut-être d'autres indications.
La question du rôle d'une éventuelle voie romaine de Carhaix à Josselin passant par Pontivy n'a pas non plus été abordée. Quelle destination aurait-elle pu avoir ? Rieux/Redon ? Rennes ? ou une autre vers le nord ou le sud ? Notons à ce propos les routes indiquées sur la carte de Nolin de 1695, avant la création des routes royales. On y voit que la route de Carhaix à Josselin par Pontivy et Rohan était déjà une grande voie de communication en Bretagne. On note en effet sur la carte de Nolin une route entre Landerneau et Carhaix. Après Carhaix, seulement deux prolongements sont indiqués, l'un vers Hennebont par le Faouët, l'autre vers Pontivy par Rostrenen. Après Pontivy, une seule route est mentionnée vers l'est par Noyal, Rohan, Josselin et Ploërmel. A l'est de Ploërmel, deux routes reliant Vannes à Rennes sont mentionnées, l'une passe par Ploërmel et l'autre passe plus au sud par Malestroit et Guer. Ces deux routes se séparent au sud de Ploërmel, à Trédion, et se rejoignent à Rennes.
Après Ploërmel, la carte de Nolin n'indique aucun prolongement vers Redon correspondant à la route royale n°164. On note cependant que L. Marsille parle d'une voie romaine entre Ploërmel et Rieux (près de Redon). [6] p. 48 ("Passage des Romains" mentionné sur l'Oust à Peillac).
En conclusion, on préfère ne pas répondre à la question de l'existence d'une voie romaine entre Rostrenen et Pontivy. On ne va ni infirmer ni confirmer cette hypothèse.
L'itinéraire venant de Carhaix pour continuer vers Rostrenen, Pontivy, Rohan et Josselin pouvait aussi constituer un grand chemin de Saint-Jacques en Bretagne.
On arrive à Rostrenen par la chapelle Saint-Jacques. A Cléguérec on passe Boduic où s'élevait une chapelle Saint-Jacques. Alain II, vicomte de Rohan et de Castelnec, fonda au XIIe siècle à Pontivy un hôpital qu'il donna aux chevaliers Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem. On arrive à Josselin par l'hôpital Saint-Jacques situé au nord de la ville et mentionné en 1424 dans le testament d'Alain VIII de Rohan.
Après Josselin on pouvait rejoindre directement Malestroit par Lizio (chapelle Sainte-Catherine et village du Temple). A Malestroit on note d'une part une croix jacquaire, la "Croix Catheline" où saint Jacques est représenté en pèlerin, et d'autre part la "chaire et autel de monsieur saint Jacques" attestée en 1581. Près du Pont d'Oust, entre les communes de Peillac et des Fougerêts, il existait également une chapelle Saint-Jacques et Saint-Jean Baptiste dépendant des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem. De là on continuait vers Redon puis Nantes.
Des chemins secondaires pouvaient venir se fondre dans ce chemin principal. On note en particulier une voie ancienne qui arrive du nord par Chatelaudren, et descend vers Pontivy par la chapelle Saint-Jacques de Saint-Léon. Cette voie a pu évoluer au cours du temps pour rejoindre Rohan ou Josselin par des chemins plus courts.
Y. Autret, D. Rouault, Association "Idée Halles" de Rohan.
Novembre, décembre 2012