Cet axe nord-sud permet de mettre en relation Blain avec Nantes et Rennes. Cette page décrit uniquement le tracé en Loire-Atlantique.
Blain est situé idéalement au carrefour de 4 voies principales. L'axe est-ouest a plusieurs ramifications à l'est permettant d'aller au Petit-Mars, à Ingrandes et Angers ou Saffré et Pannecé. Mais aussi des ramifications à l'ouest vers Rieux et Vannes, Missillac et la partie Est du Golfe du Morbihan ou Guérande.
Les axes antiques ont très souvent été utilisés pour délimiter les paroisses au Moyen-âge, et nous le verrons de nombreuses fois sur ce tracé. Cependant il y aura quelques exceptions: un seigneur aura voulu agrandir son domaine au Gâvre, un bourg comme Notre-Dame des Landes est élevé au rang de commune, la voie la traverse maintenant par le milieu. Des croix ont pris la place des anciens milliaires ou leugaires pour définir des angles aux limites de deux paroisses et même pour trois ou quatre paroisses comme aux Quatre Contrées en limite nord du Gâvre.
Nous nous servirons des témoignages de membres de la Société Archéologique et Historique de Nantes dont celui de Léon Maitre qui nous livre un ouvrage complet en deux volumes sur l'antiquité de la Loire-Atlantique: "Les Villes Disparues de la Loire-Inférieure". Deux notices nous concerne l'une pour le site de Blain [1], et la seconde celle de Nantes [2]. Nous suivrons surtout pas à pas les instructions laissées par L.-J.-M. Bizeul [3][4], originaire de Blain.
Léon Maître nous a laissé une carte détaillée des voies sortant de Nantes et plusieurs textes que je vais suivre [2, p. 523][5, p. 79]. L'axe de ces voies a été en partie conservée jusqu'au XIXe siècle car elles ont été entretenues ponctuellement au Moyen-âge car je cite L. Maître : "l'administration des ducs de Bretagne n'avait pas assez de ressources et assez d'officiers pour percer des routes et établir des chaussées solides".
L'enceinte de la cité de Condevincum avait sensiblement la taille de celle du début du Moyen-âge (Voir aussi cet ouvrage). Aucune voie principale ne sortait par l'enceinte Nord de la cité gallo-romaine. Pour aller vers l'emporium de Blain, il fallait soit sortir par la porte Ouest d'où partent les voies vers Vannes ou Saint-Nazaire et Guérande. Ou bien sortir par la porte Est d'où part la voie vers Angers.
De la porte Est située à l'emplacement de la porte médiévale de Saint-Pierre, la voie commune à celle de Rennes et d'Angers se dirigeait en ligne droite sur l'église de Saint-Clément, en suivant l'actuelle rue du Maréchal Joffre. A cette église, notre voie bifurque au nord pour rejoindre les bords de l'Erdre soit par la rue Monfoulon [2, p. 530][5, p. 79] ou soit par l'ancienne rue de La Poudrière [3, p. 219] selon Bizeul. Ensuite la voie traverse l'Erdre et rejoint en face la rue Barbin qui s'appelait Chaussée Barbin [2, p. 530][5, p. 79][3, p. 204-216], elle prend la direction du Boulevard Courbet puis de la rue du Ballet.
De la porte Ouest située au carrefour des rues actuelles de La Marne et de La Paix, la voie commune à celle de Rennes, Vannes et Guérande suit l'actuelle Rue des Halles qui se trouvait au beau milieu de l'Erdre à l'époque. D'après L. Maître La voie suit depuis la Place du Cirque le tracé du tramway T3, ce qui correspond à l'ancienne rue du Marchix. En haut de cette rue où se trouve la station de tramway Jean Jaurès était un carrefour important [2, p. 533].
La voie de Vannes se dirigeait sur le cimentière de La Miséricorde [2, p. 534], la voie de Guérande sur la rue de La Bastille. Notre voie bifurquait vers le nord-est pour rejoindre la Chaussée Barbin, au environ de la rue actuelle du Ballet en passant par la Chapelle Saint-Lazare [5, p. 80] (site à retrouver). Elle traversait le ruisseau du Gué Moreau [2, p. 532][5, p. 80] dans l'axe de la rue Noire [2, p. 532] actuelle ou bien de l'ancienne rue du Général Bédeau de 1816 [6]. C'était l'ancienne route de Rennes avant l'ouverture de la nouvelle voie en 1764 [6], l'actuelle rue Bellamy. L. Maître a retrouvé un texte de 1596 qui mentionne le "grand chemin et pavé du Gué Moreau" [2, p. 532].
On serait tenté ensuite de prolonger la Chaussée Barbin plein nord jusqu'à l'actuel Pont de Cens par le Boulevard Schuman, mais notre voie se poursuit dans l'axe de la rue Noire citée précédemment vers un passage plus en aval sur le Cens dans le quartier universitaire de Petit-Port [3, p. 204] près de Port-Lambert [5, p. 80]. Si on consulte le cadastre de 1834 [7], on retrouve la mention Route de Rennes, mais surtout des lieux-dits comme Malabri, La Lombarderie près de laquelle se trouvait un hospice datant du moyen-âge, et si fréquent au bord des voies antiques [2, p. 530]. On laissait à l'Ouest l'ancien Prieuré de Loquidy ou "Locquidic" [5, p. 79][3, p. 204]. L. Maître a retrouvé un texte de 1464 qui mentionne "le grand chemin qui mène de Barbin au pont de Sence" [2, p. 531].
Alors pourquoi cette grande digression par l'Est au lieu de foncer plein Nord. Selon L. Maître les gallo-romains ont fait passé la voie à l'endroit où le Cens est le plus étroit [2, p. 530], d'une part et pour éviter une pente trop raide à Pont du Cens à la Gaudinière [2, p. 530], mais la carte IGN nous donne peut être la réponse. Un petit ruisseau descend de Launay-Violette [5, p. 80][3, p. 202] et fournit une rampe naturelle à la voie qu'il aurait fallu creuser à la Gaudinière. Dans ce vallon il y avait un moulin où L. Maître avait pu observer des débris de pavage [2, p. 531].
La voie laisse à l'Est Launay-Violette et poursuit à travers le champ de course actuel qui était un champ de manœuvres au XIXe [2, p. 531] jusqu'au quartier de la Chauvinière [3, p. 202] et rejoint l'actuelle Route de Rennes au Bout des Pavés [2, p. 531], carrefour qui mène à La Boissière [3, p. 201].
Elle suit la Route de Rennes actuelle jusqu'au carrefour avec la rue du Moulin des Rochettes , Bizeul nous indique qu'elle s'en détache vers l'ouest [3, p. 197] mais la "quatre voies" actuelle a été elle-même déplacée à l'ouest. Elle recouvre maintenant en partie la voie romaine, mais la DRAC Pays de La Loire a retrouvé l'axe antique à l'est de cette nouvelle route, voir pour sur l'Atlas des Patrimoines entre le Cardo et le lotissement de La Clarté [8].
Depuis le Moulin des Rochettes qu'on peut voir sur la feuille H5 du cadastre de Treillières de 1839 [9] qui se trouve aujourd'hui au nord de la rue du même nom et sur la commune de Nantes, la voie fille en ligne droite sur la ferme de Tourneuve [3, p. 197]. Tout le long de ce parcourt Bizeul retrouve des traces de la voie [3, p. 197]. Elle est située à l'ouest de la route actuelle et sur la commune d'Orvault, feuille B3 du cadastre de 1839 [10]. Elle passe par des lieux-dits aux noms évocateurs comme Chemin de La Justice [3, p. 197].
De Tourneuve à l'ancienne allée du Château du Plessis d'Orvault, Bizeul l'a reconnait dans les terres de culture à l'ouest de la D537 [3, p. 196]. Elle disparait dans le bas-fond entre la Bussonnière [3, p. 196] et la Croix-Blanche et rejoint la D537 au Télégraphe [3, p. 192, 194]. Vis à vis de cette maison, sur la commune d'Orvault, il y avait une ferme dite de la Pierre-Plate [3, p. 192, 194, 196] ou "Jouneau" où on a trouvé une pierre de forme arrondie qui serait une borne antique [3, p. 192-193]. Aucune indication sur l'Atlas des Patrimoines [8].
De là, la voie suit la rue de La Levée des Dons en limites de commune ce qui est une marque d'ancienneté [2, p. 531], en passant par la Croix Verte, Pigeon Blanc (certainement une auberge). Elle rejoint ensuite Brillas ou "Breillat" [3, p. 190-201].
Elle fille en ligne droite sur le moulin de Chambouin où Bizeul l'a parfaitement identifiée [3, p. 190].
Elle laisse La Bernardais [3, p. 190] au nord et rejoint La Fougeraie la voie plonge en ligne droite dans le vallon et devait franchir à gué le Ruisseau du Gesvereau. Elle laisse au sud la route actuelle du Bois Locart qui fait une boucle pour adoucir la pente. On voit très bien sa trace par la végétation qui occupent ses anciens fossés, l'ancien tracé est visible sur la feuille B3 du cadastre de Treillières de 1839 [9], la feuille B3 de 1947 (même lien) indique la modification de tracé.
La voie est répertoriée par la DRAC au nord du pont sur ce ruisseau [8]. Ensuite la voie passe à l'est du Moulin de Launay, il n'y a pas d'erreur. Là encore il faut regarder la feuille B3 du cadastre de 1839 [9] pour s'apercevoir, le moulin a été déplacé. La voie romaine suit donc toujours la route actuelle et porte le nom d'Ancienne Chaussée de Redon à Nantes en 1839.
De même à la Madeleine où existe une très ancienne chapelle du Moyen-âge [3, p. 189] la voie laisse la route actuelle au sud et plonge en ligne droite dans le vallon porte toujours le nom d'Ancienne Chaussée de Redon à Nantes. Elle franchissait à gué la rivière de Gesvres à peu près au même endroit que le pont actuel [3, p. 188].
Sur le vallon méridional, il est probable que la voie monte tout droit le coteau sans faire le coude de la route actuelle qui figure déjà sur la feuille B2 cadastre de 1839 [9]. Alors que le Carte d'Etat-Major visible sur GéoPortail montre bien une voie en ligne droite. La voie traverse ensuite La Guittonnais puis rejoint le chemin des Fontenelles la Guitton. De tout temps ce lieu-dit a été séparé entre les deux paroisses [3, p. 187]. Cependant devant le manque de rectitude de la route actuelle, la voie romaine devait probablement passer quelques mètres au nord. Il faut remarquer au nord le lieu-dit Muzon qui pourrait indiquer la présente d'une auberge ou mutatio au bord de la voie.
Lors d'un diagnostic préventif, l'Inrap en 2000 [11] a confirmé le passage de la voie à la Rose Croix [8] sur le chemin des Fontenelles, une carte est visible dans le Rapport d'enquête préalable à la Déclaration d'Utilité Publique de l'aéroport [12, p. 71].
La découverte faite par l'Inrap sur la commune de Treillières confirme ce que Bizeul indique à La Fontaine de la Noë Verte [3, p. 185], au point de jonction triple des communes. Ce point a disparu et a été déplacé pour devenir un point quadruple lors de la création de la commune de Notre-Dame en 1871. D'après le cadastre de 1835, le point triple qui nous concerne se situe entre la Boissière et l'ancienne gare de Vigneux.
Selon Bizeul la voie coupe la route de la Paquelais [3, p. 185] avec un angle très aigu près du Goutais. Elle traverse ensuite les cultures se situant à l'ouest de la voie rurale [3, p. 184], la D42 actuelle, depuis l'Epine où les premières maisons la recouvrent [3, p. 184] jusqu'au sud du bourg de Notre-Dame. Un aveu de 1542 indique un fief de La Chaussée de l'Epine [3, p. 184].
L'Inrap a confirmé le passage de la voie au Ruisseau de l'Epine [11] à une centaines de mètres à l'ouest de la D42, voir aussi sur la carte de l'enquête préalable [12, p. 71]. Sur l'Atlas des Patrimoines, la DRAC a placé le même identifiant à l'intersection avec la D42 à l'ancien passage à niveau du chemin de Fer à Goutais [13], point de passage déjà cité par Bizeul. D'ailleurs une section est visible sur la photo aérienne.
Sur l'Atlas des Patrimoines, la DRAC indique un site d'incinération gallo-romain dans la cour de l'école publique [8] au bourg de Notre-Dame, la proximité avec une voie est fréquent.
Bizeul retrouve la voie parfaitement conservée le long de la lande de la Vieille Forêt. Plusieurs terrains portent cette mention sur le cadastre de 1832, voir les feuilles O1 et P2 [14], ces terres sont situées au nord-est de l'actuelle D42 entre la croix du Bréac et les Terrains de Sport à 560m au sud. Bizeul nous dit que la voie porte le nom de Chaussée de la Vieille Forêt [3, p. 183]. Son "agger, ou empierrement en cailloux roulés de quartz, est intact en beaucoup d'endroit" [3, p. 183]. Il ajoute que son empierrement " a été appuyé dans ses côtés par un rang de fortes dalles en pierre, placées de champ" [3, p. 183].
Compte-tenu de l'ancienneté de la carte du cadastre de la commune (1832) par rapport aux constats faits par Bizeul, on peut penser que la voie romaine se situe dans cette partie en lieu et place de l'actuelle D42. On peut supposer ensuite que la voie fille en ligne droite entre les Terrains de Sport qui bordent la D42 et le point confirmé au Ruisseau de l'Epine [8] au sud du bourg.
Au nord, le coude que fait la D42 m'intrigue d'autant que sur les feuilles P1 et Q2 [14] apparait une belle ligne droite entre les terrains situés au nord-est de la D42, ce qui concorde avec Bizeul : " et, traversant diverses pièces de bois et de landes, où elle est encore très-marquée " [3, p. 182]. Elle passe à 200m de Brédeloup ou "Breil-de-Loup" [3, p. 182]. En suivant ces différentes indications, je propose un tracé de la croix du Bréac à 500m à l'est des premières maisons de Brédeloup, qui passe à côté de Sainte-Marie que je laisse à l'est puis une inflexion vers Sainte-Anne-du-Fouan que je laisse à l'ouest pour arriver au pont de l'Arche de Fouan [3, p. 180].
A l'Arche de Fouan [1, p. 337], la voie quitte la D42 et rejoint le village de La Garelais en suivant la limite de commune. A l'est de la voie et à l'ouest de la Rousselière ou "Rousselais" [3, p. 180] se trouve une dépression dont Bizeul pense qu'il s'agissait d'une carrière de pierres ouverte pour la construction de la voie.
A l'ouest de la voie se trouvait un étang asséché bien avant 1845, le "Radin" qui donna à la voie le nom de Chaussée du Radin [3, p. 180]. Bizeul nous confirme que la voie avait conservé sa parfaite intégrité. Le cadastre de 1835 nous indique d'ailleurs un Chemin de la Vieille Chaussée de la Garelais [15]. Elle passe ensuite le ruisseau du Gué Géraud au Pont Loquet [3, p. 180][15] qui était certainement un gué à l'époque antique comme en témoigne la toponymie.
Bizeul retrouve la voie très apparente entre le pont et la Clôture de la Violaye [3, p. 180], c'est certainement le chemin de Meluc qui figure sur le cadastre de 1835 [15]. Au delà sur le terre du Château de la Violaye, elle n'était déjà plus visible en 1845 [3, p. 179], mais les fermiers de l'époque en connaissaient parfaitement la direction.
Bizeul indique qu'elle passait à 2 ou 300m du château [3, p. 179], peut-être en limite de parcelles (inchangée depuis 1836) avec le Bois des Genêts, ce qui fait 400m. Ce point de passage est confirmé aussi par la DRAC [13]. Dans les Titres de 1542, les terres correspondantes avaient pour limites le Chemin Nantois du Pont Loquet [3, p. 179].
Bizeul nous la signale de nouveau entre Le Houssais et La Havardais [3, p. 178] où elle avait 20m de large entre ses contre-fossés. Ce point de passage est confirmé aussi par la DRAC [13]. Bizeul la perd ensuite mais la retrouve avec la même largeur et sa surface en cailloux roulés à l'emplacement de la route actuelle qui mène au château par La Brégeais. Il la suit pendant 200m jusqu'à l'intersection avec la D42.
Depuis l'intersection où se trouvait une croix visible sur la feuille I1 du cadastre de 1835 [15] jusqu'à la Chapelle Saint-Roch la voie suivait les pentes de et vers le ruisseau de La Madeleine. Au XIXe, la zone était inondée et formait un étang depuis l'antiquité, que la voie franchissait sur 550m par un remblais étroit de 5m et portait le nom de Chaussée Saint-Roch [3, p. 177-178]. Bizeul avait constaté à de maintes reprises que les voies romaines avaient une largeur réduite dans les zones humides [3, p. 178].
Bizeul constate avec plaisir, que la route actuelle pour relier Blain à Fay-de-Bretagne ait repris le tracé de la voie antique [3, p. 175], mais c'est certainement au détriment de sa conservation ! La voie passe donc entre le hameau de Saint-Roch et sa Chapelle [3, p. 176], à l'ouest et devant la Métairie de Champ Brunet [3, p. 176]. Dans cette partie la voie était méconnaissable: "il n'est resté que le statumen en moellons de grès quartzeux placés tels qu'ils sont sortis de la carrière" [3, p. 176].
La voie passe au Coin Du Parc [3, p. 175], indication visible sur la feuille I1 du cadastre de 1835 [15] et à la Porte de Fer [3, p. 176]. Ce point reste à localiser. La voie laisse le village du Gravier à l'ouest et rejoint l'Isac où Bizeul put l'observer dans l'axe du chemin qui mène au Château de La Groulais [3, p. 174]. La voie était connue sous le nom de Chemin de la Chaussée [3, p. 174].
Au Pont de l'Isac sur le canal Nantes-Brest, lors de sa construction en 1840 [3, p. 171-172][1, p. 337] on a découvert des pieux de bois à 2m de profondeur qui devait supporter une structure en bois. Léon Maître nous a dessiné un plan détaillé [1, p. 346] du bourg avant 1825, ce qui nous permet de retrouver l'itinéraire emprunté par la voie entre la Croix Rouge et le hameau du Gravier [1, p. 337].
La description détaillée de la topographie du bourg antique [1, p. 340-361] que nous livre Léon Maître nous permet de penser qu'il y avait une forte activité commerciale et industrielle, très certainement favorisée par sa position au carrefour de ses quatre voies [1, p. 332-340]. Léon Maître a tenté de définir sa taille en localisant les puits [1, p. 351] et les sites funéraires [1, p. 353] qui étaient à l'époque en lisière de la ville. Le plan récapitulatif [16, p. 6 pl. 2] réalisé par l'Inrap reprend toutes ces informations et de plus nous confirme trois points de passage de la voie entre le Pont de l'Isac et l'intersection des rues Saint-Laurent et Pierre Morin
On ne connait pas encore le détail des éventuelles rues au centre du bourg et leurs intersections, mais on sait déjà que la chaussée de Rennes continue par l'actuelle Route du Gâvre sur une centaines de mètres [4, p. 9] puis s'en détachait vers l'est jusqu'au Grand Moulin de Galais [4, p. 8] qui a été construit sur la voie.
La voie était très apparente dans les cultures jusqu'au ruisseau de l'Emion puis réapparaissait après en arrivant au Moulin Maillard [4, p. 8]. D'ailleurs les cultivateurs avait renoncé à l'attaquer de peur d'abimer leurs charrues [4, p. 9]. Sur ce coteau, la voie sert de limite à une parcelle dans un acte de vente de 1751 [4, p. 9]. A ce moulin, elle se confond de nouveau avec l'actuelle D42 et ce jusqu'à la limite de commune [4, p. 10].
Passé le Moulin Maillard la voie bascule sur le côté ouest de la D42 mais en laissant à l'ouest le Moulin de Gâvre [4, p. 10]. Bizeul peine ici à y retrouver quelques fragments, mais il pense qu'elle rejoint le village de l'Anglechais [4, p. 10] en restant sur le bord ouest de la D42. Ensuite elle a été remaniée [4, p. 14] et sert de digue à l'étang de l'ancien Château de Gâvre du XIIIe. Notez ici le décrochement de la limite de communes, probablement son "fondateur, Pierre de Dreux aura voulu arrondir sa ville" [4, p. 17].
Elle entre ensuite dans le bourg de Gâvre, là encore le Bizeul peine à l'identifier, mais il est bien possible que les maisons qui bordent le côté ouest de la Grande Rue soient construites sur la voie. Un peu plus loin au nord du carrefour avec la D35 au droit d'un ancien manoir de la Chaussée, le chemin reprend toute sa puissance [4, p. 15]: "une épaisse stratification de cailloux roulés de quartz formant un agger encore convexe". Ce chemin est mentionné dans la Charte de Jean II [4, p. 15].
D'ailleurs si on consulte le cadastre du Gâvre de 1835, la route actuelle porte le nom d'Ancienne Route ou de Grande Route de Nantes à Rennes entre la Chaussée et le Bas-Luc sur les feuilles C2, B4 et A4 [17]. Avant d'arriver au ruisseau de Clegreuc, Bizeul nous indique que la voie sur 300m "a 24 mètres de largeur entre ses deux contre-fossés ou berges, qui en ont eux-mêmes 3 sur 1 d'élévation" [4, p. 16].
Passé le ruisseau, il retrouve quelques traces de l'agger de la voie dans le pauvre chemin de Poebel mentionné sur la feuille A1 [17] qui suit sensiblement la route actuelle. Ensuite la voie passe à ouest de la route et se dirige vers le bord de la Forêt de Gâvre [4, p. 16] en limite de commune. Le fossé de séparation de la forêt est lui-même "établi sur le contre fossé de la voie" [4, p. 16].
Observez la limite de la forêt au nord-est: dans ce petit décrochement, la voie file tout droit à 40m du bord [4, p. 17] et rejoint directement la Croix des Quatre Contrées [4, p. 17]. Il est probable ici qu'un ancien milliaire ou leugaire a permis de définir la séparation des quatre paroisses.
Bizeul retrouve la voie avec toute sa puissance ici avec ses 24 mètres entre contre-fossés sur la lande de l'Epine des Haies [4, p. 17]. Il faut noter qu'en 1835 sur la feuille F du le cadastre de Marsac [18], la route du XIXe filait tout droit et évitait ce coude qu'on peut voir actuellement. Et donc Bizeul la voyait à l'ouest sur la lande depuis cette ancienne route.
Si on consulte de nouveau la feuille F, on constate que la route actuelle porte le nom d'Ancienne Route de Rennes à Nantes [18] entre la Croix des Quatre Contrées et celle de La Plantard près des terres du Trié. Ce carrefour était important car la feuille G2 [18] indique un Grand Chemin de Guéméné à Nozay qui vient de l'Est.
Depuis la Croix des Quatre Contrées jusqu'à la vallée du Don, la limite de communes n'a pas changé et la voie romaine en sert de limite. Elle reste encore très marquée [4] car des haies ont souvent poussé dans les anciens fossés de la voie voir même des grands arbres comme on peut le voir sur les photos aériennes et sur les photos joint ici à la carte.
Elle passe dans un profond vallon à l'est d'où est lové le village de Tahun ou "Tertre-Alun" [4, p. 18]. Ensuite elle passe par une échancrure probablement agrandie [4, p. 19] dans le coteau et bascule dans la vallée du Don.
Arrivé au bord de la rivière on trouve un barrage de forme convexe vers l'aval "qui sert de déversoir au moulin établi sur la rive droite" [4, p. 20]. Bizeul constate que bien que "de nombreuses réparations aient probablement changé la forme de la chaussée, on ne peut s'empêcher de lui assigner la même antiquité que la voie qui y arrive" [4, p. 20]. La DRAC n'a pas confirmé son ancienneté [19].
Si on consulte le cadastre de 1834, la feuille E [20] indique en pointillé une Ancienne Route Abandonnée de Rennes à Nantes entre le Pâtis Vert et La Gare. La DRAC confirme son passage entre le Mortier du Faux et Le Fretay [19]. De plus, on peut la prolonger encore de quelques centaines de mètres vers le sud d'après la mention sur la feuille F2 du cadastre rénové de 1939 (même lien). Ensuite sur la photo aérienne disponible sur IGN apparait des traces obliques dans les parcelles ZS46 et ZS51 (voir lien). En 1847, la voie semblait être encore bien marquée dans les paysage malgré les remembrements [4, p. 22].
Donc on peut supposer maintenant que la voie file tout droit depuis le Don sur ce dernier point. Bizeul nous dit d'ailleurs qu'elle passe entre le Moulin de Pont-Veix, probablement celui du Chêne et le Bois de Couaveix [4, p. 21], mais les 400m mentionné par Bizeul semble exagéré.
Bizeul relate une bataille qui a eu lieu 992 sur la lande de Conquereuil où Conan de Bretagne trouva la mort [4, p. 24-25]. Bizeul soutient "que le mouvement des armées, au moyen-âge, suivait presque toujours les voie romaines, qui étaient, à cette époque les seuls chemins militaires" [4, p. 25].
La feuille D1 [20] indique ensuite une Route Abandonnée de Nantes à Rennes entre le hameau de La Rémière ou Rénière [4, p. 26] et une ancienne carrière en limite de communes à 600m à l'est de Raumur. Il semble que la route actuelle soit d'ailleurs tracée sur la voie elle-même comme l'indique le cadastre rénové de 1939 (même lien).
A 1800m à l'ouest de la voie se trouve la carrière de Coisma dont a été extrait selon Bizeul l'empierrement supérieur de la voie [4, p. 26] dont la roche ne se trouve nul part aux abords de cette voie.
Entre La Gare et La Rémière, on peut supposer que la voie suivait sensiblement la route actuelle à l'est des villages des Mortiers, Etival et de la Chênaie [4, p. 26]. De plus le lieu-dit La Mare de la Planche a une certaine ancienneté, d'autant que la DRAC mentionne un site funéraire de l'Âge du Bronze [19].
Si on consulte le cadastre de 1834, la feuille I [21] indique un chemin intitulé Ancienne Route de Rennes à Nantes entre l'ancienne carrière de Raumur, la Croix-Neuve (D3) et Bellevue (D43). Ce chemin est encore visible sur le cadastre rénové de 1958 (même lien). De plus la DRAC confirme son passage entre le Vignau et Geston [19], Vignau est indiqué comme un site d'occupation antique.
A 500m au nord de Bellevue, sur la feuille E4 [21] deux traits pointillés orienté nord-sud signalent une Ancienne Route de Nantes à Rennes située à 180m à l'ouest de la route de Bellevue à Cher ou Chère. Ces traits vont jusqu'au début des terres de La Brûlais 350m au sud du hameau du Cher. Bizeul nous confirme son passage entre Coivaux et Trémelon [4, p. 27] où elle était bien conservée dans une petit plaine marécageuse.
Elle se dirige donc vers le hameau du Cher et selon Bizeul traverse la rivière de Chère près du Moulin du Cher à Foulon placé sous le village la Hagouais [4, p. 27].
Vous trouverez la suite du tracé en Ille-Vilaine prochainement, mais en attendant, je vous invite à suivre l'itinéraire documenté par L.J.M Bizeul [4, p. 29-52].