Ce maillon assez court permet de mettre en relation Blain avec Missillac située sur la voie Nantes-Vannes qui permet aussi de desservir la partie Est du Golfe du Morbihan. De même en limite de la commune de Missillac passe la voie Rieux-Guérande par Herbignac. A Blain même, les voyageurs pouvaient continuer sur le Grand-Fougeray et Rennes, Le Petit-Mars, Ingrandes et Angers ou Saffré et Pannecé.
Léon Maître nous a laissé une carte schématique des voies sortant de Blain. Sur cette carte nous pouvons y voir de nombreux petits fortins.
Ce sont en fait de petites forges sécurisées, elles sont généralement placées près des bois et de l´eau pour la forge, et d´une voie pour acheminer les lingots et le minerai dont les filons ne sont pas forcément à proximité, mais souvent affleurant à la surface. Le développement de cette industrie survient à l´Âge de fer (entre -750 et -50). Très tôt le bourg de Blain devient un lieu de négoce [1], un emporium et donc son réseau de transport se développe, que les Romains agrandiront et empierreront après la Conquête.
Nous suivrons pas à pas les instructions laissées par L.-J.-M. Bizeul [2], originaire de Blain, les points de passages confirmés par M. Desmars [3] et le plan cadastral très utile du canton de Saint-Gildas annoté de 1853 [4].
Léon Maître nous a dessiné un plan détaillé [1, p. 346] du bourg avant 1825 et une description détaillée de la topographie du bourg antique [1, p. 340-361]. Ce bourg était un peu plus grand que celui de 1825 mais guère plus comme nous l´indique le plan récapitulatif réalisé par l´Inrap [5, p. 6 pl. 2] où sont indiqués les axes antiques supposés et les vestiges gallo-romains découverts ces trois derniers siècles.
Des vestiges de la voie Est-Ouest sont mentionnés par l´Inrap à l´angle du Chemin de Prée et la rue du 11 Novembre, ancienne rue de l´Ecole sur le plan de 1825. Cependant Bizeul [2, p. 207] cite des vestiges d´une voie sous le mur du Presbytère, ce qui correspond à la rue actuelle Louis Bizeul, l´ancien chemin de La Paudais. Ce qui justifie alors son passage par le village de La Paudais [2, p. 208], ces vestiges sont notés sur le plan de l´Inrap, mais aucune voie n´est dessinée à cet endroit.
Au départ du bourg, la voie est jumelée avec celle de Rieux (Vannes-Angers) et suit plus ou moins une ligne droite et se retrouve donc tantôt au nord de la D164 puis au sud, et à la Croix Morin elle tangente la route actuelle [2, p. 208] et atteint La Chaussée au nom évocateur puis se confond sur 200m avec la voie actuelle. La variante proposée par Bizeul remonte du village de La Paudais à la Croix Morin. L. Maître [1, p. 338] vante son empierrement à La Chaussée.
Entre La Chaussée et L´Abbouie Sur cette partie, la voie se confond certainement avec la D164 actuelle dont le tracé a été rectifié, et dont l´élargissement a fait disparaitre toute trace. Bizeul vante son empierrement à L´Abbouie [2, p. 208] qui semblait déjà être un témoignage du passé.
La route actuelle fait un "coin" à Curun tandis que la voie romaine filait tout droit entre la Ligne de Curun (chemin de la forêt) [2, p. 209] à 380m à l´ouest de La Hubiais et le carrefour de la route de Quinhu. Probablement cette zone n´était pas boisée à l´époque gallo-romaine ou avait été défrichée pour des raisons de sécurité. En effet, les Romains laissaient un espace visible pour empêcher tout archer de se placer en embuscade derrière un arbre. Cette zone n´était d´ailleurs pas aussi boisée au XIXe [4]. De plus des thermes ont été découverts au XIXe siècle dans ce sous-bois peut-être par L. Maître. Ils étaient installés sur le côté Est de la voie [1, p. 362] dans la parcelle 567 de la feuille 000-E-07. Pourquoi des thermes si loin du bourg, peut-être pour la tranquillité, mais aussi pour la présence du bois de chauffe, la rivière pour l´eau des bains et la possibilité d´aménager des piscines naturelles.
+ La voie dans la forêt de Gavre à Curun, la description de J.-M. Bizeul
Les voies de Rieux et Missillac forment selon Bizeul un angle de 40/45° qui est récurant dans la construction des voies [1, p. 338][2, p. 210]. Notre voie prend à gauche et se dirige en ligne droite sur le Haut-Breil, le terme Voie Romaine est mentionnée sur le cadastre de 1840 sur la feuille G2 [6] mais aussi sur les feuilles G1 et F1. Sur cette dernière feuille, Bizeul indique que passé le ruisseau la voie n´est plus identifiable, la route actuelle est d´ailleurs décalée vers l´Est.
La voie passe au nord et au pied du moulin [2, p. 210] , longe la route D3 qui fait un coude et file tout droit vers l´ouest sur la rivière Isac. Elle était encore visible en 1840, elle séparait plusieurs parcelles à proximité de la rivière, je n´ai malheureusement pas retrouvé les numéros de parcelles correspondants sur la feuille D5 [2, p. 210]. Je me réfère donc à Desmars qui dit qu´elle traverse l´Isac 500m en aval du Pont-Nozay [3, p. 32]. Il a découvert lors des travaux du canal les restes d´un pont de bois dont les pilotis ont servi pour le plancher du chœur de la nouvelle église des Grâces [3, p. 33].
Les environ de l´Isac ont beaucoup changé depuis la transformation de celui-ci en canal de Nantes à Brest. Sur la rive Est une digue a été construite pour contenir le niveau d´eau plus élevé du canal. Mais soit cette digue est devenu perméable ou bien elle contient les eaux qui s´écoulent du versant Est et qui ne peuvent plus s´échapper dans la rivière-canal. Donc la nappe d´eau ainsi formée rend impossible de visu l´auscultation de la rive Est.
Sur la rive Ouest, Bizeul mentionne une rampe qui s´avance dans l´eau, l´Isac n´était pas très large à cet endroit [2, p. 211]. Cette rampe existe toujours et se trouve à 150m du pont actuel (voir photos). L. Maître indique qu´elle traverse l´Isac entre Pont-Nozay et Evedet. Mais Desmars indique 500m [3, p. 32], ce qui ne va pas. Il faut se rappeler que le système métrique s´est imposé progressivement au XIXe et des erreurs sont possibles, faut-il lire 500 pieds ? Car 500m plus loin le plateau des Grâces tombe à pic dans la rivière (30m), et le plateau ne s´abaisse de nouveau qu´à 900m en aval du pont en face d´Evedet.
Depuis cette rampe, la voie remonte sur le plateau en restant au nord de la route actuelle et passe selon Bizeul à 200m au sud du village de l´Epaud [2, p. 211], ce qui pourrait correspondre aux limites de parcelles du cadastre de 1840 et actuel (XE72/XE92 et XE82/XE84). Desmars signale qu´on peut la suivre dans les champs jusqu´à un four à pain en bord de route non loin de l´école du bourg [3, p. 32].
Puis Bizeul et Desmars confirment son passage à 100 ou 200m au sud de l´église de Notre Dame des Grâces selon les dires du curé de la paroisse [2, p. 211][3, p. 32], soit au sud du cimetière actuel. Elle rejoint ensuite la route qui mène à Saint-Gildas. Le Chemin Chaussée est mentionné sur la cadastre de 1830 en limite de commune avec Quilly [7] ensuite sur les feuilles M3 et N3 du cadastre de 1840 de Guenrouet [6], soit entre la ferme de La Garenne , la Croix-Cadin et le Bois de Bel-Air sur la Lande Couëilly [3, p. 32][4] où elle a conservé sa largeur d´origine et ses fossés. Elle passe ensuite à quelques mètres au nord de la Croix Sérine. traverse le Brivet à la Source Sérine [2, p. 212].
Au delà la voie suit la route vicinale de 1843 [2, p. 212] dite de Bodeleau-Grény, l´actuelle D17. Au nord de la ferme de Bodeleau, la voie "se jette à gauche dans une châtaigneraie dépendant" de la ferme de Bodeleau. A cet endroit la route porte le nom de Chemin Saulnier sur la feuille P1 du cadastre de 1840 de Guenrouet [6].
On la retrouve au Fossés Tessier. au droit de la rue de La Bossardière [2, p. 212] [4]. Elle suit ou se confond avec les rues de La Sensie, La Rivière, La Barre, et De Gourap [2, p. 213]. A 1 km au nord a été fondé en 1026 l´actuelle Abbaye de Saint-Gildas [2, p. 213].
De Gourap, la voie part en ligne droite sur Pont-Noë par le chemin de Bas Pont-Noë et traverse le ruisseau du Gué aux Biches [2, p. 213]. Cette voie était encore très fréquentée en 1790 [8, p. 77]. Sur 1 km les contre-fossés modernes laissaient apparaitre une facture gallo-romaine selon Desmars [3, p. 32].
A l´ouest du hameau "un chemin vicinal tracé sur la crête de la voie" [2, p. 213], c´est la route actuelle de Pont-Noë qui passe entre le Bois des Clos et la Bosse de la Fosse [2, p. 213]. Elle s´enfonce ensuite dans les champs en restant au sommet d´une bosse au nord du ruisseau de Mortier Plat et au sud des fermes du Berceau [3, p. 32] et de La Toulardais [2, p. 213] puis rejoint la ferme des Tréaux. Le chemin était encore visible sur le cadastre de 1840 de Saint-Gildas [9] et correspond toujours a une limite de parcelles (YB05-06/YA022-136).
Après la ferme des Tréaux on retrouve une chaussée goudronnée sur 900m ayant la même largeur qu´à Bel Air sur Guenrouet. Elle se poursuit ensuite comme un simple chemin où de grands arbres ont poussé dans les fossés comblés jusqu´à Kercoudy. Sur la feuille G2 du cadastre de 1840 de Saint-Gildas [9], le chemin porte le nom de Voie Romaine.
Après Kercoudy on perd sa trace mais elle passe juste au pied du moulin de Perny, Prenic [2, p. 213] ou Pernic [3, p. 32] et au sud de celui-ci. Ensuite elle suit la route actuelle D2 par le sud et vient la tangenter au sud de Crolan ou Cralan [3, p. 32]. Elle bifurque vers le sud-est et passe à 30 pas au nord de la Croix-Du-Haut [2] et donc au nord de la route actuelle. "De cette croix la voie se rend en droite ligne à la Maison-du-Siège" [2, p. 213] où Bizeul retrouve celle-ci "encore très marquée et bien entière". Au nord de la Bergerie, Desmars la reconnait et ensuite dans le chemin de servitude au sud de Trégrain [3, p. 31].
Peu après le hameau du Siège, la voie descend vers le ruisseau de Conan juste en limite de départements et passe au nord de la maison de Launay [3, p. 31] puis pénètre dans le Bois de Bretesche. Elle passe à côté de l´étang de la Nouëtte [2, p. 214] et d´un vieux chêne appelé Criminel [2, p. 214]. Elle rejoint ensuite la voie de Nantes-Vannes au hameau de Bellevue [2, p. 214]. La forêt a beaucoup changé depuis le XIXe et n´étant pas en accès libre, les vérifications sur le terrain n´ont pas pu être réalisées.