[9] Noyal-Pontivy, Ty-Neuë est. Remblais de l'ancienne route à gauche de la route actuelle.
[10] Noyal-Pontivy, Ty-Neuë est. Petit pont de l'ancienne route à gauche de la route actuelle.
[11] Noyal-Pontivy, Bodiquel sud. Section préservée de l'ancienne route entre un champ et la nouvelle route.
[12] Noyal-Pontivy, Bodiquel sud. Les graviers du remblais de l'ancienne route apparaissent en surface.
[13] Crédin. Sur le grand chemin vers 1907 au nord de Kervégan.
[14] Rohan. Vue aérienne.
[15] Rohan. Reconstitution de la ville au XVIe siècle. En bas à droite le pont Notre-Dame et la route de Josselin.
[16] Rohan. Le château en 1829.
[17] Rohan. Le pont Notre-Dame.
[18] Rohan. Le pont Notre-Dame en 1912.
[19] Rohan, chapelle Notre-Dame de Bon Encontre.
[20] Rohan, chapelle Notre-Dame de Bon Encontre. Porte sud.
[21] Rohan, chapelle Notre-Dame de Bon Encontre. Inscription 1510. Lan que dit fut mill cinq centz x Jehan de Rohan me fist bastiz et rediffiez a honneur hucheloup en fust le miseur et affin que mon non ne celle de bone encontre lon mapelle.
[22] Rohan, chapelle Notre-Dame de Bon Encontre.
Introduction
Le grand chemin qui reliait Rohan à Pontivy a marqué de son empreinte toute une région. Large par endroits de 20m entre talus, on peut se demander s'il ne correspond pas à une voie antique. C'est la question que nous posons ici.
En 1636, Dubuisson-Aubenay a suivi entre Pontivy et Rohan une voie ancienne qu'il décrit ainsi : "De Pontivi à Rohan (forte Reginea antiq.), 3 lieues, par Noyal, I lieue de Pontivi, grande paroice, exempte d'impost et billot (et dans laquelle est située Pontivi, quoyque paroice aussy), où est la chapelle Ste Noyale (Noyala sancta ex Anglia), el le plus beau, le plus droit chemin et le plus ferme que l'on scauroit veoir, planté de chesnes des deux costé, un peu éclaircis et ruinés par les Espagnols des garnisons de la Ligue, - Ces rabines sont appellées par les wallons: drèves ; par les Cauchois et Roanois : chaines d'arbres. - Ce chemin va jusques à Rohan. An visit militaris, Tab; itiner. : e portu Nannetum Regineam." [1, p. 77].
Dubuisson-Aubenay suggère que le chemin vient de Nantes. Dans une autre note il s'interroge à nouveau : "le chemin Cornuec est un ault chemin pavé qui se trouve vers Pontivi, comme allant de Rhedon ou de Rhennes par Rohan vers Cornouaille". La question que posait Dubuisson-Aubenay en 1636 est toujours ouverte et nous la reposons à nouveau. Doù venait et où allait ce chemin reliant Rohan à Pontivy ? Qu'est-ce que ce chemin Cornuec ?
Un peu d'histoire
Vers 1116, Alain Ier de Rohan a reçu en partage de son frère Geoffroy la moitié ouest du comté de Porhoët, notamment Castennec, Rohan, Pontivy, Mur-de-Bretagne, Corlay, Gouarec et Guéméné-sur-Scorff. Après avoir résidé un moment à Castennec, Alain Ier s'est installé à Rohan vers 1128.
La question qui se pose est celle de savoir pour quelle raison Alain Ier s'est installé à Rohan. Castennec était située au croisement des anciennes voies romaines de Vannes à Carhaix et de Rennes à Quimper. Les richesses minières se trouvaient du côté de Gouarec ou de Pontivy. Dans la vicomté, Rohan se trouve à une position excentrée.
La réponse se trouve peut-être dans un acte de donation qui mentionne un nouveau château à Rohan en 1128: "Alain, comte de Porhoët, donne aux moines de Saint-Martin de Josselin tout l'emplacement situé à la porte du nouveau château de Rohan pour y construire une église et un cimetière" . Il est probable qu'il existait un château à Rohan avant l'arrivée des vicomtes de Rohan.
Bien qu'excentrée dans la vicomté, Rohan pouvait occuper une position stratégique d'une certaine importance. C'est peut-être pour cette raison que les vicomtes de Rohan s'y sont installés et y ont reconstruit un château. Il n'est pas impossible qu'une voie ancienne d'une certaine importance franchissait l'Oust à Rohan pour continuer vers Pontivy.
+ L'histoire des vicomtés de Rohan et de Porhoët en quelques mots
Le comté de Porhoët était à l'origine un immense territoire s'étendant sur 4000km2 et 140 paroisses. Il s'étendait au nord jusqu'à Loudéac, au sud jusqu'à Camors, à l'ouest jusqu'à Gouarec, et à l'est jusqu'à Ploërmel. Guethenoc, premier vicomte de Porhoët peu après l'an mil, a quitté sa résidence de Château-Trô dans la paroisse de Guilliers, pour fonder Josselin et s'y installer.
Vers 1116, Alain Ier, troisième fils du vicomte de Porhoët Eudon Ier, reçoit en héritage une bonne moitié du comté de Porhoët, un immense territoire, la quasi-totalité de la partie située à l'ouest de l'Oust. Au cours du XIIe siècle, ce territoire deviendra la vicomté de Rohan et comprendra notamment Castennec, Rohan, Pontivy, Mur-de-Bretagne, Corlay, Gouarec et Guéméné-sur-Scorff. Geoffroy, second fils d'Eudon Ier qui a lui-même succédé à son frère Josselin II, conserve une petite moitié du Porhoët, cependant plus riche et plus peuplée, une douzaine de paroisses au sud de Josselin, Ploërmel, et tout le territoire s'étendant entre l'Oust et la baronnie de Gaël.
Alain Ier a résidé à Castennec avant de construire un nouveau château au bord de l'Oust à Rohan. En 1128, il a fait de son nouveau château sa demeure principale. C'est à cette époque qu'il prend le nom de Rohan, du nom du rocher qui barrait le passage de l'Oust (le Roc'han, petit rocher). Son blason comporte sept macles (neuf à partir du XVIe siècle) rappelant les cristaux qu'on peut trouver à l'extrémité ouest de son domaine, dans les environs de Perret. Alain Ier était vicomte de Rohan, comte de Richmond, et vicomte de Castelnoec.
Un premier château est attesté à Rohan au XIIe siècle, sans doute une motte féodale. Un nouveau château a été bâti vers 1120 par Alain Ier de Rohan qui en possédait déjà un à Castennec. Une donation faite en faveur des moines de Saint-Martin permet de dater la construction. Un extrait a été publié dans [9] : en 1127, Alain Ier donne "à Dieu, à Saint-Martin de Marmoutier et à ses moines, représentés par les religieux de Saint-Martin de Josselin, tout le bourg situé devant la porte du nouveau château de Rohan, et le terrain s'étendant au midi jusqu'à la rivière de l'Oust, à la condition d'y établir une église et un cimetière". Le Bourg aux Moines existe toujours au sud de Rohan.
La situation évolue en 1231 quand Eudon III de Porhoët meurt. Le comté de Porhoët est alors partagé entre ses trois filles. Aliénor, la deuxième fille, reçoit la châtellenie de la Chèze, la Trinité, et Loudéac. Après son mariage avec Alain V de Rohan, elle aura un fils, Alain VI de Rohan, qui héritera de ses possessions en 1284. Plus de vingt paroisses sont incluses: Uzel, Saint-Hervé, Grâce, Saint-Thélo, Trévé, la Motte, Saint Sauveur, le Haut, la Prénessaye, Laurenan, Plémet, Loudéac, Cadélac, Saint-Barnabé, la Chèze, la Ferrière, Plumieux (y compris le Gué de l'Isle), la Trinité, Saint-Mauban, Saint-Samson, et Bréhan.
En 1407, Alain VIII de Rohan épouse Béatrix de Clisson, fille de Olivier V de Clisson, qui apporte Josselin à la maison de Rohan (Olivier de Clisson avait acquis Josselin par échange en 1370). Le comté de Porhoët est réunifié et la Chèze devient la résidence principale des vicomtes de Rohan.
Au début du XVe siècle la maison de Rohan possède en centre Bretagne le Mûr, Corlay, les Salles (Perret), Lanvaux (Grand-Champ), Guéméné-Guingamp (Guéméné-sur-Scorff), Lanouée, La Chèze, Loudéac, Pontivy, Josselin. A cela il faut ajouter les possessions des vicomtes de Léon. Après son mariage avec Jeanne de Léon en 1349, Jean Ier de Rohan avait hérité en 1363 d'importants domaines à l'ouest de la Bretagne, notamment Landerneau, Daoulas, Coat-Méal, La Joyeuse-Garde (La Forêt-Landerneau), La Roche-Maurice. Le mariage d'Alain VIII de Rohan avec Béatrix de Clisson avait également apporté Blain (baillie de Nantes).
+ La fondation du comté de Porhoët et de la vicomté de Rohan. Le récit de A. de la Borderie
Histoire de Bretagne tome III : de l'an 995 après J.-C. à l'an 1364. Arthur Le Moyne de La Borderie. 1899. En ligne Bibliothèque numérique Université de Rennes 2 http://bibnum.univ-rennes2.fr/items/show/341
Pages 70 et 71.
Dans l'autre région du Poutrocoët, à l'Ouest de Ploërmel et de la rivière d'Ivel (ou de l'Étang au Duc), c'est mieux encore. Là il n'y avait point à ménager le terrain; on était trop heureux de trouver quelqu'un pour prendre charge de gouverner, défricher, peupler et défendre cette solitude. Aussi n'en fit-on qu'un fief, de vingt lieues de longueur de l'Est à l'Ouest sur douze ou treize de hauteur du Sud au Nord, lequel fut décoré exclusivement du nom de Poutrocoët, adouci, selon la prononciation du temps, en celui de Porhoët. C'est le comté ou vicomté de Porhoët, si célèbre au moyen-âge, fief immense où s'épanouirent plus tard 140 paroisses, et avant l'an 1008 concédé à un certain Guéthenoc, premier vicomte de Porhoët, qui habitait en la paroisse de Guillier une méchante motte féodale au bord d'un étang, le Château-Tro (2), d'où il sortit pour aller, un peu au Sud, créer au bord de l'Out une résidence plus convenable, achevée par son fils Josselin et du nom de ce fils appelée Castellum Goscelini c'est-à-dire Chàtel Goscelin ou Josselin, aujourd'hui le splendide château et la curieuse ville de Josselin.
Cent ans plus tard, cette immense seigneurie, surtout dans sa région orientale, était passablement défrichée, peuplée, et en bonne voie de prospérité (3). On songea à la scinder en deux. Vers l'an 1120, Geofroi, arrière petit-fils et quatrième successeur de Guéthenoc, voulant donner apanage à son frère Alain, lui céda toute la partie du Porhoët située à l'Ouest de la rivière d'Out, moins une douzaine de paroisses au Sud de Josselin, qu'il garda avec toute la partie du Porhoët située à l'Est de l'Out, entre cette rivière, la baronie de Gaël et le domaine de Ploërmel. Alain résida d'abord quelque temps à Castel-Noëc (aujourd'hui Castennec en Bieuzi), dans les ruines d'une vieille forteresse romaine (4); puis il remonta au Nord et vint, lui aussi, construire sur l'Ont sa nouvelle capitale — le château de Rohan — qui donna son nom au fief entier célèbre dans notre histoire sous le titre de vicomté de Rohan, tandis que le nom de Porhoët resta exclusivement attaché à la portion que s'était réservée Geofroi (5). Cette portion était moins étendue d'un quart que l'apanage d'Alain, mais elle était plus fertile et plus peuplée: c'est sous le gouvernement des Rohan que la région quasi-déserte située au-delà de l'Out s'est couverte de cultures et d'habitants.
Les Rohan taillèrent eux-mêmes dans leur vicomté plusieurs fiefs considérables, dont le plus important, fort de 13 paroisses, constitué dès le XIIe siècle. entaille profondément l'angle Sud-Ouest de la vicomté et, du nom de son premier possesseur, fut appelé d'abord Kemenet ou Quémenet-Guégan ou Guigan, c'est-à-dire Fief de Guégan ou Guigan (1), puis Guémené-Guingan, et, avec quelques additions, devint enfin au XVIe siècle la principauté de Guémené.
Les agents des Rohan, au XVe siècle, attribuaient à cette vicomté 112 paroisses ou trêves et 52 au Porhoët, ensemble 164. Les calculs que nous avons faits sur les aveux déposés à la Chambre des Comptes de Nantes donnent pour résultat deux chiffres un peu différents, soit 59 pour Porhoët et 81 seulement pour Rohan, en tout 140 paroisses et trêves représentant l'étendue totale du Porhoët primitif.
Principaux châteaux forts de Porhoët et Rohan: Josselin, la Chèze, le Bois de la Roche (en la paroisse de Néant), Rohan, les Salles de Penret sur le bord de la forêt de Quénécan (en Perret), Corlai, Guémené-Guingan, la Roche-Periou (en Prisiac) sous Guémené-Guingan, célébrée par Froissart.
Quoiqu'il y eût bien là sans doute de quoi faire un comté, les sires de Porhoët prenaient seulement le titre de vicomte: ceux du XIe siècle toutefois ne se disaient point vicomtes de Porhoët, mais vicomtes du pays de Rennes, vicecomes Redonioe. Nous reviendrons sur ce sujet. Rohan eut aussi le titre de vicomté.
La foire de Noyal-Pontivy
A la fin du XIIIe siècle, il existait en Bretagne des marchés très fréquentés dans nombre de petites bourgades. Il en existait également en des lieux retirés parmi lesquels on peut citer le Mont-Dol, le Menez-Bré, Montbran (mi-septembre), le Marchallac'h, la Martyre (mi-juillet), et Noyal-Pontivy (début juillet) [2, p. 9]. Certaines de ces dernières pouvaient exister avant le XIIe siècle. Elles se trouvent souvent au bord de voies antiques.
Le Mont-Dol se trouve à 2km de l'ancienne voie romaine de Carhaix à Avranches, et au point d'aboutissement du Grand Sillon qui permettait de traverser le marais de Dol et de relier Alet à Dol. Montbran se trouve sur la commune de Pléboulle, au bord de la voie romaine de Carhaix à Alet. Le Marchallac'h se trouve sur la commune de Boquého, au bord d'une voie ancienne venant de Quintin. Le Menez Bré se trouve au croisement de voies anciennes reliant Carhaix à Tréguier, et Saint-Brieuc à Morlaix. La Martyre se trouve près de l'ancienne voie romaine de Carhaix à Landerneau. Il est probable qu'il en est de même pour Noyal-Pontivy d'autant plus que la foire est associée à un important lieu de culte, celui de Sainte-Noyale, martyre du VIe siècle.
D'après une enquête de 1479, la foire de Noyal étaient la plus importante de Bretagne: "quelle foire de Noyal est tenue & réputée notament la plus belle grande foire & proffitable pour le bien de la chose publique, & où il abonde plus de Marchands forains estrangers & marchandise que foire qui soit ence païs & Duché de Bretagne" [3, p. cxxiii].
Un autre texte rapporte qu'un jour de 1522 la ville de Morlaix fut pillée parce la plupart des marchands de Morlaix étaient à la foire de Noyal, et au même moment le comte de Laval tenait à Guingamp une montre générale [3, p. 250].
La foire de Noyal commençait le 5 juillet et durait une semaine. C'était l'une des plus importantes de Bretagne et sans conteste la plus importante de la vicomté de Rohan. On venait des marches de Bretagne et aussi de l'étranger. Les marchands pouvaient ensuite se rendre à celle de la Martyre, la plus importante du Léon, qui commençait à la mi-juillet [2, p. 266].
Un pont à Pontivy
Selon la légende, un pont avait été construit à Pontivy en 690 par saint Yvi [4, p. 6]. En fait la première mention d'un pont à Pontivy date de 1228: Alain V de Rohan se voit reconnaître la possession d'une "terre située à l'extrémité du pont de Pontivy" [4, p. 6]. Toutefois, un passage pouvait exister sur le Blavet à Pontivy avant le XIIIe siècle. Alain IV de Rohan possédait une coutume, le passagium, qui lui permettait de percevoir des taxes sur les marchandises passant à Pontivy. Il donne une partie des revenus aux moines de Saint-Martin de Josselin en 1205 [4, p. 6].
Les campagnes militaires de 1342 et 1345
En novembre 1342, le roi d'Angleterre Edouard III avait débarqué à Brest dans le but de prendre Vannes, Nantes et Rennes, avec, d'après Froissart, une armée de 12500 hommes. A Carhaix, il avait scindé son armée en deux, confiant la prise de Rennes au comte de Northampton. Le chemin suivi par ce dernier passe par Guéméné-sur-Scorff, Pontivy, Rohan, Ploërmel, Redon et Rennes.
En 1345, un raid effectué par Dagworth part également de Brest, rejoint d'abord Carhaix avant de prendre la direction de Rennes pour franchir l'Oust à Cadoret au sud de Pleugriffet. Dagworth semble avoir suivi l'ancienne voie romaine de Carhaix à Vannes jusqu'à Castennec, puis l'ancienne voie romaine qui mène à Rennes.
Northampton, quant à lui semble quitter l'ancienne voie romaine de Carhaix à Vannes à Guéméné-sur-Scorff pour rejoindre Pontivy puis Rohan. Dans la mesure où à cette époque de l'année, une armée peut difficilement se déplacer sur des voies non pavées, la question de l'existence d'une voie d'importance passant par Pontivy et Rohan est reposée.
+ Les campagnes du roi d'Angleterre Edouard III en Bretagne - 1342 et 1345
La campagne militaire de 1342
En 1342, trois campagnes ont été organisées en Bretagne par le roi d'Angleterre Edouard III pour soutenir les partisans de Jean de Montfort contre ceux de Charles de Blois.
De mars à juillet, une première campagne permet de gagner une bataille à Quimperlé et de lever le siège d'Hennebont. Le vicomte Hervé de Léon est ramené captif en Angleterre.
En août, une seconde campagne permet de lever le siège de Brest, de prendre le château de la Joyeuse-Garde à la Forêt-Landerneau, et de gagner une bataille près de Morlaix.
La flotte anglaise débarque à nouveau à Brest le 30 octobre 1342. Froissart parle d'une armée de 12500 hommes. Le but est de prendre Vannes, Rennes et Nantes au parti de Blois. L'armée se met en marche vers le 10 novembre et arrive le 11 à Carhaix. Là elle se divise en deux. Sous le commandement du comte de Northampton, une partie de l'armée prend la route du centre Bretagne et prend successivement Guéméné-sur-Scorff, Pontivy, Rohan, Ploërmel, Malestroit et Redon. Ensuite elle va faire le siège de Rennes et une incursion jusqu'à Dinan. Sous le commandement du roi Edouard III en personne, le reste de l'armée prend la route du sud et prend successivement le Faouët, la Roche-Piriou (à 2km au sud du Faouët, sur la commune de Priziac, au confluent de l'Aër et de l'Ellé), et Pont-Scorff le 19 novembre. Elle s'arrête ensuite six jours à Grand-Champ avant de faire le siège de Vannes ainsi que celui de Nantes.
Le bilan est mitigé. Une trêve est déclarée en janvier 1343. Rennes et Nantes restent aux Franco-Bretons. Cependant, les Anglo-Bretons conservent ou gagnent des places fortes en Basse-Bretagne. Ils sont maintenant maîtres de Brest, Quimper, Quimperlé, et Hennebont. Vannes qui était pratiquement conquise à la trêve, passe aux montfortistes peu après.
La campagne militaire de 1345
En 1345, une nouvelle campagne ordonnée par le roi d'Angleterre Edouard III part de Portsmouth vers le 7 juin. La flotte arrive à Brest peu après. Une compagnie commandée par Thomas de Dagworth se lance immédiatement vers Ploërmel et Rennes en passant par le centre Bretagne. Le 17 juin Dagworth arrive au bord de l'Oust, à Cadoret, à 1km au sud du confluent du Lié et de l'Oust, et à 10km au nord-ouest de Josselin. Attendu par l'armée franco-bretonne, Dagworth livre et emporte la bataille de la Lande de Cadoret. Ensuite il fait demi-tour pour soutenir le comte de Montfort qui veut reprendre Quimper. L'opération se termine par un désastre et la mort du comte de Montfort le 26 septembre. Cependant, au cours de cette opération, Carhaix avait été reprise par Dagworth. Le comte de Northampton, lieutenant-général du roi Edouard III, peut faire de Carhaix une base de départ pour d'autres attaques. Le 29 novembre, il part de Carhaix et prend la Roche-Derrien le 3 décembre.
+ La campagne de 1342 du roi d'Angleterre Edouard III en Bretagne - Extraits du récit de A. de la Borderie
Histoire de Bretagne tome III : de l'an 995 après J.-C. à l'an 1364. Arthur Le Moyne de La Borderie. 1899. En ligne Bibliothèque numérique Université de Rennes 2 http://bibnum.univ-rennes2.fr/items/show/341
Quelques extraits des pages 471 à 474.
2. — Le roi d'Angleterre et le roi de France en Bretagne (novembre 1342 à février 1343)
Dès le 20 juillet 1342, le roi d'Angleterre Edouard III parlait de son prochain passage sur le continent et ordonnait de préparer des armes pour les troupes qui devaient l'accompagner.
...
Le 6 octobre, il se rend à Portsmouth où il doit s'embarquer. Le vent étant mauvais; il faut attendre jusqu'au 23 un temps meilleur, qui n'était pas encore bien favorable puisqu'il ne fallut pas moins de huit jours pour faire la traversée, La flotte aborda à Brest l'avant-veille de la Toussaints, 30 octobre.
...
On peut porter son armée à 12500 hommes, chiffre indiqué par Froissart; en y joignant un certain nombre de recrues fournies en Bretagne par le parti de Montfort — pas très abondantes, car devant la lutte des prétendants le peuple restait froid — le chiffre total pouvait monter à 15 ou 16000 hommes. Avec cela, bien employé, bien dirigé, on pouvait dominer la Bretagne.
Le plan de campagne d'Edouard III était simple et habile. Il prit pour objectif les trois places de Vannes, Nantes, Rennes: Vannes, le principal port de la côte sud, la clef de la basse Bretagne; Rennes et Nantes, les deux portes par lesquelles la France débouchait en haute Bretagne et qu'il fallait clore hermétiquement pour l'empêcher de passer. Edouard III se mit en marche vers le 10 novembre. Le 11 il était à Carhais; là il partage son armée en deux corps: l'un, aux ordres du comte de Northampton, envahit la Bretagne en plein centre, s'emparant successivement, entre autres, des villes de Pontivi, Rohan, Ploërmel, Malestroit, Redon. La direction de cette colonne prouve, à n'en pouvoir douter, que son objectif était Rennes.
L'autre corps, commandé par le roi en personne, descend de Carhais [Carhaix] droit vers le Sud, enlève les places du Faouët et de la Roche-Périou [Une place forte contrôlant un passage sur l'Ellé, à 2km au sud du Faouët], puis, suivant la zone littorale et marchant vers l'Est, il occupe Pontscorf le 19 novembre, et ensuite Grandchamp, où le roi reste six jours, du 21 au 26 novembre.
...
Avant le 5 décembre, Edouard III tire de son corps d'armée un détachement commandé par les comtes de Norfolk et de Warwick et par Hugue Spencer, et il l'envoie mettre le siège devant Nantes (lettre d'Edouard III, ci-dessous).
Cette marche puissante et bien combinée de l'année anglaise refoule devant elle les Franco-Bretons, réduits à se tenir clos sous les murailles des plus fortes de leurs places. Dans la zone de la Bretagne sillonnée par ses troupes Edouard III épargne le pays autant que possible; il interdit les massacres, les incendies, et se borne à prendre le nécessaire pour la subsistance de ses soldats. Toute cette partie du duché se soumet à lui et reconnaît l'autorité du comte de Montfort. Le 5 décembre 1342, ce roi écrit à son fils aîné le Prince Noir, resté en Angleterre:
« Très chier et très amé filtz, nous savons bien que desirez mult (beaucoup) de savoir bones noveles de nous et de nostre estât.... Vous faceoms (faisons) assavoir que nous avoms chivauché un graunt pièce (un grand espace de pays) en la duché de Bretaigne, lequel pays est rendu à nostre obeissances, od (avec) plusors bones villes et forcelettes(forteresses), c'est assavoir la ville de Plouremell, et le chastiel et la ville de Malatrait, et le chastiel et la ville de Roudon (Redon), qe sount bones villes et bien fermes (bien fortifiées). Et sachez que le sire de Clissoun, q'est un des plus grauntz de Peyto (de Poitou), et quatre autres barons, c'est assavoir le sire de Lyac (Loheiac, Lohéac), de Machecoille (Machecol, Machecoul), le sire de Reies (Retz ou Rais), le sire de Reyues (Reieux, Rieux), et autres chivalers dudit païs et lour villes et forcelettes sont renduz à nostre pèes, quelle chose hom tient [estre] un graunt exploit (un grand avan- tage) à nostre guerre. Et nous avons envoiez en les parties de Nauntes nostre cosyn de Northfolk, le counte de Warwick, monsr Hughe le Despenser et autres baneretz od graunt nombre [d'archers], ove quatre cens hommes d'armes pour faire l'exploit qu'ils poront... Doné sous nostre secret seal, al siège de Vanes, la veille de Seint Nicholas. »
Au moment où il achevait cette lettre, le roi reçut la nouvelle du siège mis devant Nantes par Norfolk et Warwick. Celui de Rennes ne fut formé qu'après le 5 décembre, mais la direction donnée à la colonne du comte de Northampton impliquait déjà nécessairement l'existence de ce troisième siège, qui d'ailleurs, comme les deux autres (Nantes et Vannes), est attesté non seulement par Froissart mais par les autres chroniques de ce temps. Sur le détail et les incidents de ces sièges Froissart en particulier est très mal renseigné; il donne pour chefs à la garnison blaisienne de Vannes Olivier de Clisson et Hervé de Léon; il décrit longuement les combats de ces deux chefs à Vannes contre les Anglais; or Olivier de Clisson était à Nantes; Hervé de Léon était toujours prisonnier en Angleterre, et Vannes en réalité avait pour capitaine Louis de Poitiers, comte de Valentinois, que Froissart transporte en cette qualité à Nantes. Par là jugez du reste.
+ La campagne de 1345 du roi d'Angleterre Edouard III en Bretagne - Extraits du récit de A. de la Borderie
Histoire de Bretagne tome III : de l'an 995 après J.-C. à l'an 1364. Arthur Le Moyne de La Borderie. 1899. En ligne Bibliothèque numérique Université de Rennes 2 http://bibnum.univ-rennes2.fr/items/show/341
Pages 496 à 498
4. — Résurrection du parti de Montfort, et mort du comte de Montfort (1345).
Montfort était-il mort définitivement ? ou tout au moins dormait-il d'un sommeil léthargique, invincible, d'où rien ne pût le tirer el réveiller en lui la vie, le beau feu qui l'avait animé, quatre ans plus tôt, dans sa superbe chevauchée de 1341 ? Si Montfort dormait à ce point, Blois pouvait bien triompher à l'aise, la guerre était finie en Bretagne, du moins la guerre civile — car, dans ce gigantesque duel de la guerre de Cent-Ans, encore à ses débuts, la Bretagne par sa situation géographique, — Blois et Montfort à part, — ne pouvait guère éviter d'être l'un des champs de batailles de l'Angleterre et de la France.
Mais Montfort ne dormait pas tant que cela, tout au plus il sommeillait. Il était surtout mal informé de l'état de la Bretagne et ne soupçonnait pas la détresse, la débâcle de son parti; mal informé aussi de l'état de la duchesse Jeanne de Flandre; il la savait malade, il ignorait la mort intellectuelle irrémédiable de l'héroïne. A peine a-t-il connaissance de ce double désastre, Montfort éperdu est debout. On était au lendemain de la Pâques c'est-à-dire du 27 mars 1345. Le prince aussitôt revêt le costume d'un pauvre marchand pour courir les chemins en toute sûreté, sort de Paris, vole au premier port qu'il peut atteindre et se jette en Angleterre. Après avoir contemplé, pleuré la catastrophe de Jeanne, il se retourne vers Edouard III, lui demande justice pour lui Montfort qui est son vassal, vengeance pour l'infortunée, victime de cette cruelle guerre.
Aussitôt la scène change. Si longtemps patient en apparence devant les énormes violations de la trêve perpétrées par Charles de Blois et les sanglantes provocations du roi de France, Edouard III se réveille: il dénonce ces faits au pape dans un langage énergique, insistant sur les assassinats des gentilshommes bretons ses partisans, commis à Paris par ordre du tyran Philippe de Valois, et sur les égorgements exécutés en Bretagne dans les lieux soumis à son autorité — allusion aux massacres de Quimper. Le 24 avril 1345, il institue de nouveau Guillaume Bohun comte de Northampton son lieutenant-général en Bretagne, et le même jour il lui donne mandat de déclarer la guerre à Philippe. Le mois suivant (20 mai 1345), en vertu de ses prétentions à la couronne de France, il reçoit solennellement l'hommage du comte de Montfort pour le duché de Bretagne, il prépare en faveur de son vassal une expédition nombreuse, puissante, aux ordres du comte de Northampton et de Jean de Veer comte d'Oxford, et à la veille du départ (le 3 juin) il fait connaître publiquement au pays, à l'armée et à son chef toute l'importance qu'il attache à cette entreprise:
« L'illustre Jean duc de Bretagne notre très-cher cousin (écrit-il à Northampton) va se rendre dans son duché de Bretagne. Nous vous requérons et vous prions de l'accompagner vous-même en ce pays avec une puissante armée, et de lui donner, pour le recouvrement de ses droits et la réparation des torts qu'il a eu à souffrir, tous les secours et tous les conseils en votre pouvoir. Donné à Westminster, le 3 juin 1345 ».
En même temps le roi convoquait à Portsmouth, pour les 6 et 7 juin au plus tard, tous les combattants (hommes d'armes et archers) composant l'expédition, qui devaient partir de ce port et suivre en Bretagne le comte de Northampton. Pour presser leur arrivée il déclarait que ses terres et ses domaines de Bretagne seraient en grand danger s'il ne leur arrivait au plus tôt de braves défenseurs.
La flotte partit sans doute dès le 7 juin et aborda en Bretagne (à Brest), quelques jours après. L'une des bandes ou compagnies du corps d'expédition marchait aux ordres de Thomas de Dagworth, l'un des plus hardis chevetaines de cette armée et qui avait, nous l'avons vu, au commencement de 1345, remplacé pour quelques mois Northampton comme lieutenant du roi en Bretagne (ci-dessus p. 495). Sitôt débarqué, Dagworth se lance avec une colonne à travers la péninsule armorique, tirant droit vers l'Est, pointant son attaque sur le pays de Ploërmel et de Rennes, afin de forcer par cette diversion les Franco-Bretons de lâcher la basse Bretagne pour défendre la haute. Ce plan réussit; Dagworth traverse la presqu'île par le centre sur une longueur de quarante lieues sans rencontrer d'obstacles. Arrivé le 17 juin, par une marche rapide, au bord de l'Out, à deux lieues environ au-dessus de Josselin, un peu au-dessous du point où cette rivière reçoit un gros affluent appelé le Lié, Dagworth rencontre un village et un moulin nommés Gadoret; puis ayant passé l'eau, sur la rive gauche, dans une lande dite lande de Cadoret, qui domine le moulin, il voit l'armée francobretonne lui barrer le passage: il la bat à plate couture.
Excellente veine à suivre assurément, et si l'on ne pouvait encore assiéger Rennes, du moins fallait-il autour de celte ville prendre les places secondaires, y jeter des garnisons capables de molester les Franco-Bretons et de leur ôter désormais l'idée de porter leurs forces en basse Bretagne. Mais Jean de Montfort, très vexé avec raison d'avoir perdu Quimper — dont la perte mettait en péril toute la Cornouaille — tenait avant tout à recouvrer cette place. C'était un tort: à la guerre comme aux cartes, on doit prendre le jeu qui s'offre, au lieu d'aller en chercher un autre dont le succès est incertain. Pour suivre ce désir il fallut, après la victoire de Cadoret, déserter une voie si bien ouverte, une campagne si heureusement commencée.
L'armée anglaise ou plutôt anglo-bretonne vint mettre le siège devant la cité de saint Corentin. Je dis « l'armée anglo-bretonne, » car on pense bien que quand les partisans de Montfort avaient vu leur chef, puissamment appuyé par le roi d'Angleterre, reprendre vigoureusement la lutte pour soutenir son droit, ils avaient de grand coeur jeté au feu les lettres de rémission obtenues par eux de Charles de Blois et étaient revenus combattre sous le drapeau auquel ils avaient d'abord engagé leur foi.
Cependant le siège de Quimper, qui était une opération très difficile, traîna en longueur. C'est le 11 août seulement que Jean de Montfort donna l'assaut à la place. Il attaqua, paraît-il, les murs faisant face au mont Frugui et qui sont défendus par l'Odet. Selon une chronique quimpéroise la mer, en montant ce jour-là dans celte rivière beaucoup plus que d'habitude, lit échouer celle attaque. Cette légende a tout l'air d'avoir été inventée pour faire la contrepartie du miracle de Charles de Blois qui, lui, avait fait retarder la marée de six heures pour n'être pas gêné par elle dans son assaut.
De façon ou d'autre l'assaut échoua, et Montfort s'obstina à continuer le siège. Mais ces longs délais avaient donné le temps à Charles de Blois de rallier les débris de sa défaite de Cadoret et de faire venir de France de nouvelles troupes; le 9 août 1345 il recevait encore de la sénéchaussée de Toulouse un corps d'environ onze cents combattants. S'étant ainsi refait une année, il vint attaquer les assaillants de Quimper exténués par ce long siège et il les mit en déroute. Montfort se réfugia dans un château qui fut de suite investi par ses adversaires, mais il leur échappa et alla s'enfermer dans Hennebont où il se croyait en sûreté. Hélas ! il n'y demeura guère; peu de temps après-s'y être logé, il y mourut soudainement, le 26 septembre 1345. Son corps fut inhumé à Quimperlé, d'abord en l'église Sainte-Croix, et de là en celle du couvent des Jacobins.
La carte de Cassini
La carte de Cassini mentionne l'ancienne route de Pontivy à Rohan, de même que la route royale n°164 de Brest à Angers, notamment entre Pontivy et Josselin. L'actuelle D2 reliant Pontivy à Rohan n'avait pas encore été construite, alors que l'actuelle D764 qui relie Pontivy à Josselin l'était (anciennement route royale 164).
A l'est de Rohan, la carte de Cassini indique trois liaisons possibles, vers Loudéac, Plémet et Merdrignac. Comme les liaisons vers Loudéac et Plémet bifurquent à angle droit vers le nord, la seule continuation possible à l'est de Rohan d'après la carte de Cassini semble être Merdrignac puis Rennes.
En reprenant l'itinéraire en sens inverse, à Merdrignac, en venant de Rennes par Saint-Méen-le-Grand, la carte de Cassini montre un embranchement vers le sud-ouest menant directement à Pontivy par la Trinité-Porhoët, Bréhan et Rohan. Après Pontivy, cette route se prolonge vers le sud-ouest pour rejoindre Rosporden par Guéméné-sur-Scorff, Ploërdut, Priziac, Le Faouët, et Scaër.
La carte de Cassini montre qu'il existait une liaison de Rennes à Quimper par Rohan et Pontivy. Il reste à déterminer si cette liaison a une origine antique ou pas.
La route représentée sur la carte de Cassini semble avoir été précédée sur certaines sections d'une autre plus ancienne. C'est le cas entre Merdrignac et la Trinité-Porhoët où le cadastre napoléonien mentionne un "Vieux chemin de la Trinité à Merdrignac" passant plus à l'ouest. Le début de cette section est considéré comme un élément de la voie romaine de Rennes à Carhaix [5].
Entre Scaër et Quimper, la route de Cassini bifurque vers le sud pour rejoindre à Rosporden la route de Vannes à Quimper. Une voie ancienne plus directe semble probable entre Scaër et Quimper [6, p. 196, p. 432]. Depuis le nord-est de Quimper, elle suit l'actuelle D115. Sur la commune d'Elliant, elle passe à 200m au sud du bourg, à 200m au nord de Keryannic, à Penker Kerdaénès, Croazic et Ty Dour [6, p. 196]. Au bord de ce chemin, au sud du bourg d'Elliant, une pierre de 1m12 de haut, en forme de pyramide tronquée rappelant les stèles de l'âge du Fer, pourrait être un milliaire [6, p. 432]. Le chemin traverse la commune de Tourch. Sur la commune de Scaër il passe Pont Planche, Pont Vibert, à 200m au nord de Locunduff, à Coadigou, et à 500m au sud du bourg [6, p. 432].
Sur l'ancien chemin entre Pontivy et Rohan
Noyal-Pontivy
Sur la commune de Noyal-Pontivy, l'ancienne route de Pontivy à Rohan correspond dans le cadastre napoléonien au "Chemin rural n°23 de Noyal à Kerjan", puis au "Chemin rural de Noyal à Bodiquel" puis à l'"Ancien chemin de Pontivy à Rohan".
L'histoire de Noyal-Pontivy est rappelée en détail dans . C'est une paroisse primitive. Le bourg primitif se trouvait près de la chapelle Sainte-Noyale où sainte Noyale se serait installée au VIe siècle. Vers 1420 le bourg s'est déplacé pour s'établir à l'emplacement actuel. Une motte féodale est également signalée dans le bourg actuel château de la Motte à l'emplacement de la mairie).
A 1km à l'est du bourg, à 200m sud du chemin, le nom de village le Strat (Lestrade dans le cadastre napoléonien) semble évoquer un chemin (chemin de l'étrat?).
A 500m à l'ouest de Kerjean, à 50m au sud d'un chemin d'exploitation, un pont ruiné sur le ruisseau de Belle-Chère marque l'emplacement de l'ancienne route. Monsieur Even qui habite Kerjean nous a montré dans les champs l'emplacement exact de l'ancien chemin qui était par endroits large de 20m entre talus. Il indique qu'il a toujours entendu les anciens parler du "Chemins des Rohan", et aussi du "Chemin de Botrez".
Le village Kerjean est mentionné dans un texte de 1279: "Le samedi après la fête de saint Mathias apôtre, Eon Picaut, chevalier, avec le consentement de Guillaume Picaut, écuyer, son fils aîné, vend à Jocelin de Rohan, fils d'Alain vicmote de Rohan, tout ce qu'il possédait "in villa Johannis", et ses dépendances, en la paroisse de Noyal, diocèdes de Vannes pour 20 livres" [7, n°376]. Monsieur Even de Kerjean nous a rapporté que d'après les anciens, une maison de Kerjean était un relais-étape sur le grand chemin. Elle avait l'aspect d'un petit manoir ou d'une maison noble avec une cheminée monumentale, et à l'étage des fleurs de lys de couleur ocre sur des murs blanchis à la chaux. Elle a été détruite en novembre 2012.
Gueltas
Sur la commune de Gueltas, le cadastre napoléonien mentionne l' "ancienne route de Pontivy à Rohan" (section E5 et E4).
Crédin
Sur la commune de Crédin, le cadastre napoléonien mentionne le "chemin de Pontivy à Rohan" (sections B1 et B2).
L'ancien chemin a été détruit lors du remembrement des années 1970. A l'occasion de l'expulsion des moines de Timadeuc, Louis Chamaillard (1846-1885), directeur du Courrier des Campagnes et du Morbihannais, est venu à Rohan le 6 novembre 1880 par l'ancien chemin. Il relate ainsi son passage entre Kerhouin et la Croix Jégou: "Nous rencontrons un loup! un vrai loup! il se promène tranquillement sur la lande".
Saint-Gouvry
Sur la commune de Saint-Gouvry, le cadastre napoléonien mentionne le "chemin de Pontivy à Rohan" (section 4).
Rohan
On rejoint Rohan par la Croix Jégou, le "Chemin de la Diligence" et la Haie.
La chapelle Notre-Dame de Bon-Encontre a été édifiée en 1510 sur la rive est de l'Oust par le vicomte Jean II de Rohan. Elle marque un point de franchissement l'Oust. Elle a été construite sur une esplanade aménagée dans la colline qui borde l'Oust en face du château.
On ignore s'il y avait un pont à Rohan avant 1510. Le pont Notre-Dame sur l'Oust a peut-être été construit en même temps que la chapelle. Il a été détruit en 1961 et remplacé par un pont moderne. En 1859 on y avait aménagé une arche pour laisser passer les péniches. Une lithographie de 1826 montre deux arches. Pour plus de détails, on pourra consulter le document de la mairie de Rohan "Rohan avant Rohan ! Une occupation humaine ancienne" [8].
Un prolongement au nord-est de Rohan ?
Une voie antique orientée est-ouest a été repérée par prospection aérienne au Champ Fablet en Rohan [9, pp. 305-317]. Elle a été reconnue sur 650m. Les fossés sont distants de 10m.
Voie antique probable répérée au Champ Fablet en 2015
La voie repérée en 2015 est très proche d'un chemin qui existait encore en 1952 [10]. Ce chemin passe à l'extrémité nord de l'actuelle ferme du Champ Fablet qui n'existait pas en 1952. Vers l'ouest, il vire légèrement au sud pour rejoindre la Haute Ville. Il pourrait descendre sur l'Oust en suivant le talweg qui se trouve à 150m au nord du Pont de l'actuelle D2 sur l'Oust.
A l'est du Champ Fablet, la continuation du chemin pourrait être indiquée par des mentions indiquées dans les cadastres du XIXe siècle. On trouve en effet la mention "Chemin du Gué de Rohan" dans le cadastre de Saint-Samson de 1841 (section B3) et dans celui de Bréhan de 1841 (sections M1 et N4). La première mention apparaît sur la limite de Saint-Samson et de Bréhan, au sud du village du Grégaulé, au lieu-dit "Sous la Ville". La seconde mention apparaît à 200m au sud du Vieux Moulin en Saint-Samson. Elle est d'autant plus intéressante qu'elle indique un premier passage sur le ruisseau d'Estuer au Vieux Moulin (mention Pont du Vieux Moulin), et un second à 150m au sud (mention Chemin du Gué de Rohan).
A l'ouest de "Sous la Ville", le cadastre de 1841 de Bréhan n'indique pas de continuation mais un changement de direction vers le sud, et un changenent de nom du chemin ("Chemin de sous la ville au grand village"). Ceci nous indique qu'il ne subsiste qu'une section du "Chemin du Gué du Rohan" qui a partiellement survécu parce qu'elle servait à desservir le Grand Village. A l'origine le "Chemin du Gué du Rohan" devait rejoindre Rohan à l'ouest. Les derniers vestiges ont disparu après 1952.
Sans pouvoir reconstituer complètement l'itinéraire, une branche d'apparence très ancienne voire antique, semble apparaître vers le nord-est dans la continuation du chemin de Pontivy à Rohan. Le franchissement du Lié devait s'effectuer entre La Chèze et Saint-Etienne-du-Gué-de-l'Isle, peut-être près du Moulin de la Fosse. De là, le chemin devait continuer dans la direction de La Ferrière. Il pouvait ensuite croiser ou s'embrancher soit dans la voie antique de Vannes à Corseul, soit dans celle de Carhaix à Rennes.
Cette voie a sans doute été abandonnée au cours du Moyen Age au profit d'une liaison plus directe entre Rohan et La Chèze (actuelle D17).
A l'est du chemin de Pontivy à Rohan, une seconde continuation vers l'est existait également vers Bréhan puis vers Saint-Méen-le-Grand par la Trinité-Porhoët. A ce jour, rien n'indique qu'elle a une origine antique.
Un prolongement au sud-ouest de Pontivy ?
La voie antique de Quimper à Rennes a été étudiée en 1989 entre Quimper et l'Ellé [11]. Deux jalons semblent probables: Rosporden et Lanvénégen.
Le franchissement de l'Ellé pouvait s'effectuer à l'ouest du Rhède en Lanvénégen. A partir de là, la situation devient plus incertaine. La voie pouvait se diriger vers Kernascléden ou bien vers Inguiniel. Dans le second cas, la voie continuerait alors par Bubry et Melrand pour rejoindre Castennec puis Rennes.
Des indices mentionnés dans les cadastres du XIXe siècle permettent également de penser que la voie se dirigeait, non pas vers Castennec, mais vers Pontivy. Le cadastre de Locmalo fournit deux mentions intéressantes en un lieu situé à la limite de Locmalo, Guern et Bubry: "Chemin pavé" et "Chemin nommé hent coch Guern" (section C4). L'existence d'un ancien chemin menant à Guern est ainsi attestée.
Sur la commune du Sourn, on retrouve une autre mention d'un ancien chemin de Guern: "Ancien chemin de Guern à Pontivy" (cadastre du Sourn de 1846, section H1). Un "Vieux chemin peu fréquenté" est également mentionné (cadastre du Sourn de 1846, section H1). Il s'agit vraisemblablement de la continuation de l'ancien chemin de Guern à Pontivy. Elle passe au nord du Sourn avant de remonter vers Pontivy.
Ainsi, un ancien chemin partait de Pontivy en direction du sud-ouest. Au lieu-dit La Pierre Fendue (Mein feulet) sur la commune du Sourn, le chemin se divisait, une branche partait vers Guern et une autre vers Bieuzy ("Ancien chemin de Bieuzy à Pontivy", cadastre du Sourn de 1846, section G2).
En conclusion, l'esquisse d'un ancien chemin qui reliait Quimper à Pontivy commence à dégager. Il croisait la voie romaine de Vannes à Carhaix à 3km à l'ouest de Guern et pouvait être utilisé pour aller de Quimper à Castennec. Il reste à déterminer s'il s'agit d'une voie antique.
Conclusion
Une liaison existait vraisemblablement entre Pontivy et Rohan dès le début du Moyen Age. Bien que l'état actuel des connaissances ne permette pas de l'affirmer, cette liaison peut avoir une origine antique. C'est peut-être son existence qui a incité les Rohan à quitter Castennec pour venir s'installer à Rohan. A l'est de Rohan, un prolongement semble apparaître vers le nord-est. Le Lié serait franchi à 2km au sud de La Chèze. A l'ouest de Pontivy, un autre prolongement vers le sud-ouest et peut-être Quimper ne semble pas impossible.
Textes et photographies
Y. Autret, D. Rouault, Association "Idée Halles" de Rohan. Mai 2013. Révision avril 2014, juin 2017.
Références
Dubuisson-Aubenay. Itinéraire de Bretagne en 1636, d'après le manuscrit original. Tome 1 avec notes et éclarcissements par Léon Maître et Paul de Berthou,.... Société des bibliophiles bretons (Nantes). 1898. En ligne sur http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k73687p
Foires et marchés en Bretagne à travers les siècles. M. Duval. Editions Breizh Hor Bro. Elven 1982.
P.-H. Morice et C. Taillandier. Mémoires pour servir de preuves à l'histoire ecclésiastique et civile de Bretagne: Histoire ecclésiastique et civile de Bretagne, composée sur les auteurs et les titres originaux, ornée des divers Monumens, & enrichie d'un Catalogue Historique des Evêques de Bretagne, & d'un nouveau supplément de Preuves. Paris, Delaguette, 1750-1756. En ligne sur http://books.google.fr/books?id=ExRCAAAAcAAJ
J.-Y. Eveillard. La Voie Romaine de Rennes à Carhaix : recherches autour d'un itinéraire antique. Université de Brest - C.R.B.C.. Brest 1975.
P. Galliou. Carte archéologique de la Gaule Finistère. Maison des Sciences de l'Homme. 495 pages. Paris 2010.
L. Rosenweig. Cartulaire général du Morbihan : recueil de documents authentiques pour servir à l'histoire des pays qui forment ce département. Lafolye. Vannes 1895. En ligne sur http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k91425h